Depuis 2015 et la publication du livre de Pablo Servigné et Raphael Stevens, Comment tout peut s’effondrer: petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, la collapsologie ou théorie de l’effondrement s’est popularisée dans le débat public. Cette théorie qui envisage un effondrement de notre civilisation industrielle telle qu’on la connaît a trouvé un nouveau souffle avec la pandémie du coronavirus.
La collapsologie se base sur l’incompatibilité d’une progression toujours plus importante de la démographie et de l’économie face aux ressources limitées de notre planète. Elle s’intéresse plus particulièrement à la convergence des causes anthropiques – dues aux activités humaines – telles que la crise environnementale, nucléaire, financière ou encore sanitaire. Or, à la crise climatique déjà présente, s’est ajoutée la crise sanitaire du Covid-19, suivie par des mesures mondiales deconfinement causant un arrêt brutal de l’économie, et augurant peut-être à moyen ou long terme une crise économique. C’est le fameux effet domino décrit par les collaspsologues.
Une prise de conscience
Face à l’inquiétude et l’incertitude causées par la pandémie, les gens se sont réfugiés dans ce concept qui pourrait expliquer, prévoir ou même prévenir cette crise. Par exemple, le groupe Facebook «Lacollapso heureuse» a gagné 7 000 membres depuis le premier confinement et atteint donc le nombre de 31 000 abonnés. Certains ont donc profité de ce temps suspendu contraint qu’est le confinement pour se renseigner sur Internet. Pour beaucoup, le coronavirus a servi de déclencheur à une prise de conscience écologique et à la réalisation de la fragilité de nos sociétés hyperconnectées.Des spécialistes ont même prédit un possible exode urbain pour un retour à la nature et à une autosuffisance alimentaire, en réaction notamment aux scènes de foules dans les magasins et de rayons dévalisés pendant le premier confinement.
Le survivalisme
Dans le sillage de la collapsologie, les adeptes du survivalisme réfléchissent déjà aux actions individuelles à mettre en place pour faire face à cette fin du monde: construire un abri, apprendre à chasser et à faire du feu etc. Le groupe Facebook «Transition 2030» regroupe 33 000 membres qui se partagent leurs astuces pour survivre en milieu hostile. Une tendance qui a émergé bien avant la crise du coronavirus: les ventes d’équipement dit de survie aux civils ont été multipliées par deux ou trois depuis 2015. La collapsologie a donc encore de beaux jours devant elle: une enquête IFOP réalisée en 2019 pour la fondation Jean Jaurès révélait que 65% des français croient à la thèse d’un effondrement de notre civilisation dans les prochaines années.
Article rédigé par Justine Vaillant.