Thierry Coste et les anti-chasseurs : deux visions de la chasse

Cassandre MARTINS

Aujourd’hui en France, de nombreux débats éclatent entre pro et anti-chasse. Entre actions de lobbying et projets de réforme, le pays n’a certainement jamais autant été divisé sur la question. Portraits de Thierry Coste et Morgan Keane, deux figures des mouvements pro et anti-chasse.

Les lobbies de la chasse font sans nul doute partie des lobbies les plus puissants. Ainsi, à l’Assemblée nationale, près d’un quart des député.es font partie du groupe « chasse et territoires », et iels sont plus de 80 membres pour le groupe « chasse et pêche » au Sénat. Pour les député.es et les sénateur.rices, l’objectif est avant tout de gagner un électorat « rural ». En effet, en France, le nombre de chasseurs pratiquants s’élèverait à plus d’un million, et les membres des diverses fédérations suivent largement les indications de vote de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), le lobby français de la chasse…

Dans ce combat, deux visions s’opposent : celle du lobbyiste Thierry Coste et celle de nombre mouvements anti-chasse auxquels Morgan Keane – tué par le tir d’un chasseur en 2020 – donne un visage.

Portrait de Thierry Coste, lobbyiste de la chasse

Aujourd’hui, le lobbyiste est très médiatisé pour son travail auprès de la Fédération nationale des chasseurs. Il explique d’ailleurs avec fierté son influence sur ce sujet auprès des présidents qui se sont succédés à l’Élysée ces dernières années : « Je rentre comme je veux au ministère de l’Intérieur, à l’Élysée pareil. Au Parlement européen, des gens comme moi, il y en a 15 000. »

Emmanuel Macron n’aura, on se doute, pas dérogé à la règle. En 2016, alors qu’il était candidat, Coste se rapproche de lui et le conseille à titre « officieux » sur la « vie rurale ». Emmanuel Macron dira d’ailleurs pendant sa campagne : « C’est quelqu’un dont j’écoute toujours les conseils » et à Coste d’ajouter « Macron, il aime bien les lobbys, il assume. ». En 2017, sont même rouvertes les chasses présidentielles à Chambord, pourtant abolies depuis 2010. 

En août 2018, lorsqu’il démissionne du gouvernement, Nicolas Hulot expliquait que la présence de Thierry Coste a une réunion gouvernementale sur la chasse -alors qu’il n’y était pas invité- était « symptomatique de la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir » et que cela dénotait « un problème de démocratie ».

Morgan Keane ou la figure de proue des anti-chasseurs 

Face à l’influence de la chasse sur les décisions politiques, de nombreux mouvement anti-chasses ont vu le jour. C’est notamment le cas de l’association AVA (Abolition de la Vénerie Aujourd’hui), qui possède plus de vingt antennes réparties sur l’ensemble du territoire et qui a fait de la chasse à courre sa cible principale. 

Seulement, la chasse a aussi des répercussions sur la vie des citoyen.nes. Ainsi, en 2020, Morgan Keane, un jeune homme de 25 ans, est abattu par la balle de gros calibre d’un chasseur qu’il reçoit en plein thorax, alors qu’il était dans son jardin. Après sa mort brutale, certain.es de ses ami.es ont alors crée le collectif « un jour un chasseur » et les comptes Facebook et Instagram associés. Leur but ? Collecter des témoignages et signalements de comportements abusifs liés à la chasse partout en France. En moins d’un an, le collectif a déjà diffusé plus de 250 témoignages de violences verbales, ou physiques et totalise plus de 40 000 abonnés sur leurs réseaux. Toutefois, le collectif en recevrait en réalité beaucoup plus, une vingtaine par jour, soit presque 75 000 en un an.

Depuis son décès, Morgan Keane est devenu une figure de proue du militantisme anti-chasse. En effet, suite aux nombreux témoignages collectés et à l’ampleur que prenait leur engagement, le collectif « un jour, un chasseur » a lancé une pétition pour une meilleure réglementation de la chasse. Cette pétition a récolté 120 000 signatures, donnant accès à ses créateur.ices d’être audionné.es au Sénat.