Quelle réponse à l’homophobie sur les réseaux ?

Quentin JOIGNEAUX

Les agressions, critiques et insultes envers la communauté LGBTQIA+ sont de plus en plus nombreuses, notamment sur les réseaux sociaux. En réponse, ce groupe a su se construire une réelle identité et un bouclier de défense sur ces plateformes. 

Depuis le début de son combat, la communauté LGBTQIA+ (lesbiennes, gays, bisexuel.les, trans, queers, intersexes, asexuel.les) souffre d’un manque réel de représentativité, de reconnaissance et de position dans la société ainsi que dans le débat public. Il lui revient de construire sa propre image. Les individus membres de ce groupe tentent de défendre leurs droits, et ce depuis de nombreuses années, et l’évolution de la société et de ses modes de communication a fortement changé le schéma d’action des minorités ayant besoin de s’exprimer. 

Les homosexuel.lles sont toujours la cible d’agressions un peu partout en France. Début 2019, SOS Homophobie signalait que les violences homophobes et signalements alarmants avaient augmentées de 37 % durant l’année 2018. Et les conséquences sont importantes. Suite à des agressions, des jeunes, très souvent en questionnement sur eux-mêmes ou qui commencent à se sentir bien dans leur peau et à se montrer, peuvent se retrouver du jour au lendemain face à un sentiment d’anxiété, de crainte, perdre confiance en elleux ou vivre la solitude. 

La communauté LGBTQIA+ s’empare des réseaux sociaux 

Le cyberharcèlement et la haine contre les minorités semblent se maintenir en 2021 malgré les nombreuses tentatives pour contrer ce genre de comportements. Les LGBTQIA+ vont donc s’approprier l’espace numérique, trouver un moyen de prendre la parole et de se montrer fièrement. Cela est l’une des formes de leur militantisme numérique afin de transformer le web et les réseaux sociaux en réels lieux de tolérance, de libre expression et d’activisme. 

En réponse à ces attaques nombreuses, la communauté crée un effet de groupe sur les réseaux sociaux. Les membres répondent aux commentaires homophobes ensemble et créent leur propre représentation. Ainsi, sous le sigle LGBTQIA+, le militantisme numérique défend la voix des membres de la communauté, fait valoir leurs droits et montre que ces individus existent et méritent d’être représentés. 

Pour Guillaume Mélanie, co-dirigeant et fondateur d’Urgence Homophobie, « Il faut qu’on se rappelle que Twitter, c’est comme la place publique. Si on était place de la Concorde, on ne laisserait pas mille personnes insulter un gamin de 19 ans devant tout le monde. On les arrêterait. Ben, là c’est pareil. Il faut les arrêter. Les lois existent, il faut les appliquer ». D’après lui, il est donc nécessaire aujourd’hui de créer une réelle réponse judiciaire et numérique à ces attaques, par des commentaires groupés. 

La création d’un miroir de la société 

La communauté LGBTQIA+ utilise les réseaux sociaux pour montrer et assumer qui elle est, sensibiliser sur des thématiques telles que le coming-out, par des vidéos YouTube par exemple, réaliser un contenu pédagogique à visée sensibilisatrice, par des posts Instagram en infographies ou par des vidéos, avoir du répondant face à la haine ou encore signaler les comptes de personnes usant de termes homophobes. Le cyber-activisme de la communauté LGBTQIA+ se présente sous de nombreuses formes. 

Les hashtags sont massivement utilisés dans la communauté afin de répondre aux problèmes de sous-représentation médiatique. Comment lutter contre ceux-ci ? Et bien, en se donnant les moyens de sa propre représentation. Sur Twitter, les hashtags #LGBTQIAllUnited ou #lgbtqiagang recensent des milliers de posts de personnes souhaitant montrer leur fierté et leur appartenance à la communauté LGBTQIA+. Ce mode d’expression est utilisé sur Instagram également. A lui seul, le #LGBTQIA représente plus de 2,8 millions de posts et pour #LGBT, le nombre de publications monte à plus de 40,9 millions. 

Tout cela nous montre le besoin de la communauté LGBTQIA+ de se représenter elle-même pour combler le manque de représentativité hors des réseaux sociaux et aussi pour contrer la haine que peuvent rencontrer les individus en dehors des réseaux sociaux. 

Un nouvel engagement : création de groupe 

Il existe encore d’autres manières pour la communauté de lutter pour ses droits et sa représentation. Les LGBTQIA+ se caractérisent par des mouvements de masses réguliers sur tous les réseaux sociaux, notamment lorsque quelqu’un.e témoigne d’une agression homophobe par exemple. On remarque une solidarité très forte des individus de cette communauté. Plus largement, la mobilisation sur les réseaux sociaux lors du scandale des camps tchétchènes où seraient emprisonné.es des milliers d’homosexuel.les est un exemple de mobilisation groupée. En effet, cette affaire avait choqué l’opinion publique mais surtout la communauté LGBTQIA+ dont la réponse numérique ne s’est pas fait attendre. De nombreuses personnes avaient réagi au #Kiss4LGBTQrights, en postant des photos d’elles et eux en train de s’embrasser pour dénoncer la situation en Tchétchénie. Une pétition avait également été mise en place et signée par des milliers de personnes pour demander aux responsables internationaux de réagir et de venir en aide aux populations opprimées de tchétchènes. 

Les réseaux sociaux vont donc être souvent utilisés par ces individus comme un endroit où témoigner de situation et où rechercher un soutien vers les personnes qui pourraient avoir vécu la même chose, ou du moins qui auraient la possibilité d’apporter une aide importante. Les réseaux sociaux ont permis à celleux qui en sont victimes de pouvoir témoigner et donc de sensibiliser sur les risques rencontrés mais également sur les conséquences de la haine.