Les violences sexistes et sexuelles

Salomé DEMARTHE

Compter les violences

  • 1 viol toutes les 8 minutes
    En France, sans compter les viols sur mineur·es (Enquête Virage, 2020).
  • 1% des procès pour viol mènent à une condamnation
    En France, on estime que 10% des victimes seulement porteraient plainte suite à un viol. En outre, 74% des plaintes sont classées sans suite (Ipsos, 2019).
  • 6,7 millions de français·es ont subi l’inceste, dont 78% de femmes
    Et dans 97% des cas, l’incesteur est un homme (Enquête Virage, 2020).
  • Dans 91% des cas, le violeur est un proche de la victime
    Pour 1 femme sur 6, l’entrée dans la sexualité se fait par un rapport non consenti. Pour 36% des répondantes, ce rapport a eu lieu avant leurs 15 ans (Enquête Nous Toutes, 2020).
  • 42% des français·es pensent que si la victime a eu une attitude jugée provocante en public, la responsabilité du violeur est atténuée
    Dans les mêmes lignes, 32% des français·es pensent « qu’à l’origine d’un viol, il y a souvent un malentendu » (Ipsos, 2019).
  • 17% des français·es pensent encore que quand une femme dit non, elle veut en fait dire oui 18% des français·es continuent de penser que lors d’une relation sexuelle, les femmes prennent plaisir à être forcées (Ipsos, 2019).


Qu’est-ce que la « Culture du viol » ?

Mise en lumière par les mouvements féministes dès le début des années 1970, la notion de « culture du viol » renvoie à la manière dont le viol, les victimes de viol et les violeurs sont représenté·es dans l’imaginaire collectif d’une société donnée.

Selon la journaliste Valérie Rey Robert, autrice du livre Une culture du viol à la française (éditions Libertalia, 2020), la culture du viol se définit alors par l’adhésion aux stéréotypes qui entourent ces trois items : « on parle de ‘’culture’’ car ces idées reçues imprègnent la société, se transmettent de génération en génération et évoluent au fil du temps », écrit-elle.

À titre d’exemple, une enquête Ipsos publiée 2019 révèle que plus d’un·e français·e sur deux considère que le risque de viol est plus élevé dans l’espace public, alors que 90% des viols sont commis par des proches de la victime. « Le violeur, ce n’est pas l’autre : il fait partie des nôtres », résume Éric Fassin au micro de France Culture, le 12 septembre 2017. De la même manière, plus d’un tiers des français·es estiment que les viols sont principalement perpétrés sur des personnes majeures, alors que plus de la moitié des victimes déclarent avoir subi les premières violences sexuelles avant 11 ans, et 81% avant 18 ans.

Autrement dit, la notion de culture du viol permet de contrer les mythes qui entravent la lutte contre les violences sexuelles en sensibilisant sur leur récurrence et leurs formes réelles, tout en effectuant un recadrage : le viol n’est pas une problématique individuelle (pathologique et isolée), mais culturelle, c’est-à-dire permise par un continuum de comportements jugés normaux.