La mobilité électrique, solution idéale pour un mode de déplacement durable ?

Sibylle ROSSET

Depuis quelques années, les véhicules électriques ont le vent en poupe. Faible impact environnemental, économies financières ou confort de conduite sont quelques-uns des avantages mis en exergue pour promouvoir ces nouveaux usages de mobilité désignés comme la solution d’avenir. Les plans d’action nationaux et européens visant à inciter le passage à l’électrique viennent fortifier l’électromobilité. Toutefois, la transition vers l’électrique pourra-t-elle être assurée sans encombre ? Est-elle seulement la voie à emprunter pour parvenir à une mobilité durable ?

Qu’est-ce que la mobilité électrique ? 

La mobilité électrique, ou électromobilité, consiste à utiliser l’énergie électrique pour se déplacer. Plus largement, il s’agit d’un écosystème qui regroupe aussi bien les véhicules électriques que leurs infrastructures de recharge et les services associés. Un véhicule électrique fonctionne avec un moteur alimenté par de l’électricité stockée dans une batterie, tandis qu’un véhicule thermique (essence ou gazole) emploie un moteur à combustion qui brûle du carburant. Faisant partie des mobilités durables, l’électromobilité vise à rendre les modes de transport plus propres, plus accessibles et moins coûteux. L’État encourage son développement, notamment via la loi LOM – Loi d’Orientation des Mobilités – promulguée en décembre 2019, qui priorise l’usage des transports du quotidien et le déploiement de solutions de mobilité alternatives (vélo, marche à pied, transports en commun, autopartage, covoiturage…). La politique des transports donnait jusqu’alors la part belle aux mobilités de longue distance et aux grands projets de TGV entre autres. Avec la loi LOM, elle se réoriente en faveur des besoins du quotidien. 

Une réponse à des enjeux importants 

La mobilité électrique est au cœur de plusieurs enjeux. Ils sont environnementaux d’abord, puisque le secteur des transports est le premier émetteur de CO2 en France et produit une part considérable des émissions de monoxydes de carbone, d’oxydes de soufre et d’azote, de composés organiques volatils et de particules. En outre, ces polluants atmosphériques représentent un enjeu sanitaire capital. Étant donné la dépendance quasi-totale de la France aux importations de pétrole, ces enjeux sont ensuite économiques. Ils sont aussi sociaux car le fonctionnement de l’activité économique passe par la mobilité, elle-même à l’origine de nuisances (bruit, congestion, pollution). La mobilité électrique, qui favorise une plus grande efficacité énergétique des modes de transports, peut constituer une réponse à ces enjeux. 

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Si les moyens de transports électriques traditionnels que sont la voiture, le tramway ou le bus sont appréciés depuis plusieurs années ; les deux roues – vélos, trottinettes, hoverboard, roue électrique ou gyroroue – ont de plus en plus la côte. En particulier, les trottinettes autrefois utilisées pour des activités de loisirs, font désormais partie des modes de déplacements quotidiens. Cette tendance s’explique notamment par la mise à disposition de machines en libre-service dans les villes, ce qui permet de tester l’appareil avant de se décider à l’acquérir. 

Économies financières, fiabilité, confort de conduite : des avantages séduisants pour le consommateur 

L’engouement croissant pour l’électromobilité a de nombreux avantages pour l’utilisateur, à commencer par les économies financières puisqu’un trajet de 100 kilomètres en voiture électrique coûtera environ 2 euros, soit respectivement 4 et 6 fois moins cher que pour un véhicule diesel ou à essence. Les dépenses de maintenance et d’entretien sont également réduites. En effet, les véhicules électriques sont plus fiables car ils comptent bien moins de pièces d’usure que les véhicules traditionnels, ils sont donc moins enclins à tomber en panne. De plus, l’absence de boîte de vitesse et de moteur thermique induisent un silence quasi- absolu et procurent un confort de conduite sans égal. La pollution sonore, largement diminuée, permet au conducteur de porter davantage attention à l’environnement. Ce calme peut toutefois constituer un danger pour les piétons qui n’entendent pas les véhicules circuler. 

« Néanmoins, alors que les véhicules électriques étaient présentés comme la solution optimale anti-pollution à leur entrée sur le marché, ils font désormais l’objet de nombreuses critiques du fait de leur impact tout au long du processus de production. » 

Prix élevés, coût environnemental questionné : des inconvénients 

Le coût d’acquisition d’un tel véhicule peut être rebutant, ce qui est en partie compensé par des aides mises en place par l’État comme la prime à la conversion ou le bonus écologique. Des aides régionales existent également. Toutefois, la flambée du prix de l’électricité et la pénurie des matières premières utilisées pour la construction des batteries augmenteront indubitablement les frais liés à l’achat ou l’utilisation des véhicules électriques, ce qui pourrait bien freiner le passage à l’électrique. 

« Le coût d’acquisition d’un tel véhicule peut être rebutant, ce qui est en partie compensé par des aides mises en place par l’État. »

En matière d’écologie, les transports électriques profitent à l’environnement en réduisant les émissions de gaz à effets de serre lorsqu’ils sont utilisés en déplacement. L’intention de la Commission européenne de fabriquer exclusivement des voitures ne produisant aucune émission à l’horizon 2035, ainsi que la fin de la vente de voitures à moteur thermique pour 2040 semblent constituer des mesures atteignables grâce à la mobilité électrique. Néanmoins, alors que les véhicules électriques étaient présentés comme la solution optimale anti-pollution à leur entrée sur le marché, ils font désormais l’objet de nombreuses critiques du fait de leur impact tout au long du processus de production. La fabrication de l’engin en lui-même génère en réalité deux fois plus d’émissions de CO2 qu’un véhicule traditionnel. La méthode de production de l’électricité des batteries et leur recyclage en termes de récupération et valorisation sont également questionnés. 

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« La flambée du prix de l’électricité et la pénurie des matières premières utilisées pour la construction des batteries augmenteront indubitablement les frais liés à l’achat ou l’utilisation des véhicules électriques, ce qui pourrait bien freiner le passage à l’électrique. » 

Enfin, le temps de charge de ces appareils est long : s’il est de plusieurs dizaines de minutes sur une borne de recharge rapide, il peut atteindre plusieurs heures pour un particulier qui dispose d’une prise individuelle. Le réseau d’infrastructures de recharge est d’ailleurs insuffisant dans l’espace public, impliquant de localiser à l’avance des stations de rechargement lors de longs déplacements. 

La mobilité électrique est-elle vraiment la solution de demain ? Le pan écologique, longtemps porté haut et fort pour inciter à franchir le pas vers l’électrique, est aujourd’hui remis en cause, rejoignant les indécisions plus anciennes liées aux coûts. Ainsi, malgré ses atouts, il semble que des problématiques éminentes doivent être résolues avant de passer définitivement au tout électrique.