La conquête spatiale et la protection de l’environnement peuvent-elles s’accorder ?

Camille NOGUES

Longtemps perçus comme une fantastique avancée pour l’humanité, les vols spatiaux souffrent depuis plusieurs années de critiques au sujet de leur influence sur l’environnement. Toutefois, de nombreux.ses experts.es prennent leur défense. Ils soulignent leur rôle dans des technologies que nous utilisons au quotidien, comme le GPS ou les panneaux solaires. Mais alors, quelles sont les conséquences environnementales de la conquête spatiale ?

L’impact environnemental du secteur aérospatial en évolution

La conquête spatiale n’est pas neutre pour l’environnement : pour un vol de 10 minutes, ce ne sont pas loin de 80 tonnes de CO2 qui sont émises dans l’atmosphère, ce qui représente 6 fois la quantité de CO2 émise par un.e Français.es en un an. En outre, il ne s’agit là que d’émissions directes car la conquête spatiale produit aussi du CO2 de manière indirecte par exemple pendant la conception des fusées ou encore pour trouver les ressources nécessaires à leur construction.

La conquête spatiale n’est pas neutre pour l’environnement : pour un vol de 10 minutes, ce ne sont pas loin de 80 tonnes de CO2 qui sont émises dans l’atmosphère

Toutefois, l’impact environnemental doit être tempéré avec le faible nombre de vols. Dans l’état actuel, la pollution automobile ou industrielle est bien plus importante que celle du secteur aérospatial. Celui-ci ne représente, pour l’instant, pas de réel danger pour l’environnement. Mais cela pourrait bien changer dans les années à venir avec le développement du tourisme spatial. En effet, le 15 septembre 2021, le premier vol touristique de l’entreprise privée spécialisée dans le domaine de l’astronautique SpaceX a décollé avec, à son bord, quatre civils. Cette date marque un tournant dans l’aventure spatiale qui se démocratise : le secteur n’est plus uniquement lié au domaine scientifique, militaire ou à celui des télécommunications mais aussi il devient un domaine de loisir.

Cette nouvelle utilisation de l’espace pose question quant à son impact environnemental. Les vols en avion étant déjà diabolisés, il apparaît difficile de défendre la volonté de développer des vols privés de fusées, bien plus polluantes.

De nombreux.ses scientifiques se réjouissent toutefois de cette nouvelle démocratisation qui laisse espérer la découverte d’espaces et de ressources insoupçonnées. Cette évolution ouvre aussi la voie à une massification du déploiement de satellites de communication qui permettront de généraliser de nouveaux réseaux de communication haut débit, notamment pour les zones ne pouvant pas bénéficier de fibre ou d’internet aisément.

Les enjeux à venir de la conquête spatiale

Au vu de son impact environnemental, de nombreux.ses spécialistes remettent en cause l’utilité de la conquête spatiale. Mais qu’en est-il vraiment ? Comme toute production humaine et comme nous avons pu le voir précédemment la conquête de l’espace n’est pas neutre en carbone. Cependant c’est grâce aux satellites, qu’aujourd’hui nous pouvons allumer un GPS ou communiquer via internet. La problématique n’est alors peut-être pas dans la conquête spatiale en elle-même mais plutôt dans notre utilisation de cette dernière. Les enjeux à venir résident dans ce nouvel usage touristique de l’espace.

La conquête spatiale, et plus globalement la recherche scientifique sont de très belles armes pour mieux saisir et prendre conscience des enjeux du changement climatique

Ainsi, la conquête spatiale peut apparaître comme un outil pour lutter contre les inégalités en y apportant des solutions mais aussi comme favorisant les plus riches avec un usage lucratif de l’espace. La solution pour éviter de tels écarts réside dans une réglementation de cet espace pour garantir une gestion raisonnée au service du bien commun. La conquête spatiale, et plus globalement la recherche scientifique sont de très belles armes pour mieux saisir et prendre conscience des enjeux du changement climatique.

Le spationaute français Thomas Pesquet, nommé ambassadeur de l’UNICEF, dira bien que « nous n’avons pas de plan B » mais précise que la conquête spatiale, et plus globalement la recherche scientifique sont de très belles armes pour mieux saisir et prendre conscience des enjeux du changement climatique. Prendre littéralement du recul sur la Terre permet, d’après lui, de mieux cerner les différentes problématiques auxquelles nous sommes déjà confrontés.