Edito

Black Sheep

2020 a peine refermée, l’on commence à peine à comprendre que le XXIe a probablement basculé entre janvier et mars de cette année passée. Pandémie mondiale, confinement, la moitié de la planète à l’arrêt, prise de conscience écologique et vieux monde d’après… Blackout sur l’économie, et blackout sur nos vies aussi. Une pause dans la folle course du présent perpétuel, l’occasion de retrouver les vertus du temps long pour certains, de trouver le temps long pour beaucoup d’autres, isolés… Alors forcément, La Covid19 est très présente dans le travail des étudiant.e.s. Parce qu’elle a marqué leur vie, jusque dans les conditions de suivi de leurs études et dans la réalisation de ce travail que vous tenez entre vos mains. Deux séances en face à face masqué, le reste entre visioconférences et échanges de mails. Travail à distance, sans pour autant s’éloigner des exigences de l’université.

Covid19 donc, mais pas que ! En prise directe avec le monde, ils et elles ont promené leurs plumes et leurs cerveaux sur les chemins de l’actualité, des réflexions autour du féminisme, dans le sillage de #Metoo et #Balancetonporc, aux questions d’éthique dans le sport, en passant par les pentes tortueuses du complotisme. Les rapports complexes entre politique et communication occupent aussi les colonnes de ce numéro. Entre la fin du  mandat de Donald Trump et l’ombre de Qanon sur l’élection de Joe Biden, et, de ce côté-ci de l’Atlantique, les déboires de Gérald Darmanin, l’année 2020 a été riche. Année qui a d’ailleurs vu exploser le « new big thing » des réseaux sociaux, TikTok. Pour autant, il ne s’agit pas de se limiter à lister les crises. Pour préparer le monde demain, ils et elles se sont aussi mis.es en quête des initiatives d’aujourd’hui, de la libération de la parole des femmes aux idées émergentes des industries culturelles pour se réinventer.

Un numéro tout en contraste donc, placé sous le signe de la résilience. De la capacité à appréhender, analyser et surmonter les crises, qu’elles soient sanitaires, politiques, sociales, et même personnelles, ou tout à la fois. Chez tous les acteurs dont parlent les articles que vous allez lire, mais aussi chez celles et ceux qui les ont écrit. Être étudiant en 2021, c’est aussi cela : faire face à un avenir incertain dans un monde instable, et pourtant trouver les ressources, l’énergie et l’optimisme de « rafistoler le monde en jetant inlassablement des passerelles entre des situations éparses, entre des identités morcelées, avec pour enjeu la survie de chacun dans la dignité au sein d’une modernité qui dérape »[1]. Bonne lecture !

Romain Bigay


[1] Kazuhiko Yatabe, à propos d’Haruki Murakami in Courrier international