Le coronavirus a eu un impact important sur l’industrie du divertissement : presque toutes les productions cinématographiques et télévisées ont été interrompues à la mi-mars, et des milliers de membres d’équipes ont été temporairement mis à pied. Aujourd’hui, les studios tentent de trouver des alternatives afin de relancer la production dans les meilleures conditions.
Depuis le début de l’été, l’industrie hollywoodienne reprend à tâtons son activité ; le 12 juin, la Californie a donné son feu vert à la reprise des activités cinématographiques, et New York est entré dans la deuxième phase de réouverture pour un travail limité de pré et post-production.
La situation n’est pas pourtant glorieuse; les grands studios de cinéma sont encore à des semaines du tournage réel des films. Ces mesures sont néanmoins un grand pas vers la relance de l’industrie du divertissement après plus de trois mois de fermeture.
Il faut dire que les pertes financières commençaient à se faire ressentir ; les estimations liées au box-office sont de l’ordre de 60 % par rapport à 2019, et la perte globale de recettes pourrait atteindre 17 milliards de dollars.
Indépendamment de la difficulté liée au fait de filmer à travers des méthodes traditionnelles tout en gardant une distance sociale, le virus a également rendu difficile la prise de décisions créatives avant le tournage, telles que le casting, le décor et la conception des costumes.
Il en va de même pour les tâches de postproduction ; il s’agit d’un processus hautement collaboratif impliquant des centaines de professionnels (monteurs, ingénieurs du son, coloristes…) pendant la phase de marketing et de promotion du film jusqu’à sa distribution. Un montage de dernière minute ou un changement d’approbation dans une petite scène peut avoir un impact sur toutes les versions de la bande-annonce et de l’affiche du film qui suivent.
Jusqu’à récemment, de nombreux studios de cinéma n’ont jamais pris ce genre de décisions en travaillant à distance. Désormais, la situation oblige ces grandes structures à s’adapter et à adopter de nouvelles pratiques afin de pouvoir produire dans les meilleures conditions possibles.
Hollywood en quête d’innovation
Le secteur du divertissement a été l’un des derniers à tirer pleinement parti du passage à la collaboration à distance, qui est désormais accéléré de façon spectaculaire par le coronavirus. On peut néanmoins comprendre Hollywood dans sa réticence à passer à cette nouvelle dynamique de travail ; la vidéo et l’audio haute définition consomment beaucoup de bande passante, ce qui peut bloquer ou figer le travail sur Internet. Les outils de collaboration grand public sont bons pour la messagerie et les réunions virtuelles, mais pour les exercices de développement visuellement complexes comme le storyboarding pour le séquençage de films, il y avait peu d’options de qualité disponibles.
Ajoutons que Hollywood, malgré sa portée mondiale, a souvent fonctionné comme une petite ville. Alors que certaines contributions à la création de contenu ont commencé à être réalisées à l’échelle mondiale, les équipes de création ont eu tendance à se regrouper à Los Angeles (et dans une moindre mesure, à New York) et même lorsque les équipes créatives se regroupent dans ces studios production, elles doivent souvent faire face aux aléas liés à la vie quotidienne en métropole (tels que le trafic routier) ce qui fait que les habitants de Los Angeles sont plus nombreux que les résidents de toute autre zone métropolitaine à quitter leur emploi en raison des temps de trajet. Une telle pratique a des influences sur la santé mentale des personnes, occasionnant un sentiment de stress, de l’anxiété et de la dépression. Donc même si le virus a imposé la création d’une nouvelle dynamique de production avec un environnement de travail plus éclaté, Hollywood avait besoin de trouver des solutions en rapport à la “durabilité” de ses équipes.
Le digital, une alternative valable pour la production
En ce qui concerne la question de la transformation numérique, auparavant, les équipes passaient des mois dans une même pièce pour effectuer certaines des tâches les plus simples. La nouvelle technologie de l’espace de travail virtuel permet aux grands studios d’Hollywood de progresser vers l’objectif de travailler à 100% à distance, ce qui leur permet d’achever la préproduction, la postproduction, le marketing et la promotion à des rythmes nettement plus rapides qu’auparavant.
Quelques autres changements seraient également à prévoir en ce qui concerne l’impact qu’aurait la pandémie sur les studios de production hollywoodiens. On peut premièrement citer cette idée qui veut que studio ne sera plus tant un lieu physique mais un “état d’esprit, le talent étant moins lié à la géographie. Cela pourrait se traduire par des talents plus dispersés, plus productifs et moins chers à embaucher. Nous verrons également davantage de flux de travail à faible impact, contrairement aux studios qui ont des gens qui font la queue dans une salle de contrôle pour effectuer les processus traditionnels de montage et de post-production. Le modèle de visionnage des films pourrait quant à lui changer, à mesure que la demande de nouveaux contenus augmentera. Même avant COVID-19, l’industrie avait déjà des conversations animées sur la vidéo à la demande et son impact sur la distribution en salle. Cette tendance se poursuivra, car Hollywood cherche des solutions plus souples pour s’adapter à l’augmentation de la consommation au foyer et ce n’est clairement pas le virus qui freinera cette consommation.
La pandémie pose des défis importants à Hollywood, mais la possibilité pour les industries créatives de travailler différemment perdure et des alternatives sont créées et mises en place. Avec les bénéfices qu’engendre les films des studios de la Californie, il n’est pas pensable pour les équipes de production de faire durer une quelconque situation de stagnation dans ce domaine.
Article rédigé par Mahdi Lounis.