Audrey RIANCHO
Combien de temps allez-vous mettre pour lire cet article, 2 minutes ? C’est sans compter les notifications Instagram ou un message sur un groupe WhatsApp qui risque de vous interrompre pendant sa lecture… Selon une étude Médiamétrie parue en 2021, les Français.es passent en moyenne 2H25 par jour sur internet et les deux tiers sont sur un smartphone. À qui la faute ? Les applications mobiles de réseaux sociaux qui sont programmées pour que nous y restions le plus de temps possible. En cause ? La dopamine.
Mais c’est quoi la dopamine ?
La dopamine est un neurotransmetteur sécrété par notre cerveau. D’abord étudiée dans les années 1950 pour comprendre les mécanismes de la maladie de Parkinson, elle joue aujourd’hui un rôle essentiel pour comprendre notre usage des réseaux sociaux. En effet, c’est elle qui est responsable du plaisir, de la motivation et de l’addiction! Les applications mobiles sont conçues par les développeur.euse.s selon un système de récompense qui génère de la dopamine à chaque action de l’utilisateur.rice. Conséquence ? Les utilisateur.rice.s deviennent accros. Ainsi, chaque réaction – commentaire, partage ou like – à la suite d’un post sur Facebook ou Instagram active le circuit de récompense de l’internaute et libère de la dopamine. Lorsqu’il publie une photo, l’utilisateur.rice ignore combien de personnes vont liker son post. Cette incertitude le pousse à rafraîchir fréquemment son écran pour savoir si la photo a obtenu de nouvelles réactions, dans le but d’activer le circuit de récompense. De signe d’une appréciation, le like devient un puissant outil d’interaction sociale, symbole d’une validation sociale par ses pairs. Les réseaux sociaux répondent à notre besoin d’être reconnu socialement, ce qui explique que nous puissions en être dépendants.es.
Une mécanique similaire aux jeux d’argent
Selon une étude menée par les entreprises We Are Social et Hootsuite en 2021, les internautes français.es passent en moyenne 1H41 par jour sur les réseaux sociaux. Entre les likes, les retweets, le scroll et les partages, tout est fait pour capter notre attention et donner l’envie de rester le plus longtemps sur ces applications. Le comportement observé sur les réseaux sociaux est similaire à celui des joueurs et joueuses de machines à sous ! Par exemple le pull to refresh permettant d’actualiser une page sur Instagram est fondé sur les mêmes mécanismes cognitifs que ceux des jeux d’argent : l’incertitude de ne pas savoir ce sur quoi on va tomber donne l’envie irrépressible de réessayer…
Finalement, nous ignorons que nous possédons dans nos poches des machines à sous dont nous relançons sans cesse la mécanique dans l’espoir d’obtenir une récompense.
Le danger des réseaux sociaux
De nombreuses personnes utilisent les applications compulsivement et vérifient de manière obsessionnelle si les internautes réagissent aux contenus qu’ils ont postés. Lorsqu’il est addictif, l’usage des réseaux sociaux peut devenir néfaste et avoir des conséquences sur la santé mentale des utilisateur.rice.s qui sont susceptibles de ressentir de l’anxiété menant parfois jusqu’à la dépression. Ce type d’addiction n’est pour le moment pas reconnu par la médecine française, ce qui rend difficile l’accès aux traitements. Pour s’en sortir, les utilisateur.rice.s dépendant.e.s doivent reconnaître leur addiction aux réseaux sociaux, condition nécessaire avant de se faire soigner.
En influençant nos usages, les entreprises qui construisent ces applications mobiles modulent nos comportements à notre insu. Mais avons-nous, sans le savoir, développé un réflexe pavlovien dans nos usages des réseaux sociaux?