Quentin JOIGNEAUX
Dans un contexte d’élections politiques en France et de rapports de force au sein de l’Union européenne (UE), la présidence française au conseil de l’UE est un événement fort de l’année 2022. Alors que le nouveau président fait face à de nombreux enjeux et défis, ses ambitions pour l’Europe semblent se dessiner.
Lors de son discours du mardi 9 novembre 2021, le président de la République française, Emmanuel Macron, a évoqué la « présidence française de l’Union européenne (PFUE) ». L’expression utilisée n’est pas tout à fait exacte puisque celui-ci ne dirigera pas l’UE mais le conseil de l’UE. Toutefois, la France sera bien à la tête de cette institution du 1er janvier au 1er juillet 2022. Il s’agit de la treizième présidence française, la dernière remontant à 2008.
Une présidence aux enjeux multiples
La présidence du Conseil de l’UE est un moment important pour un pays membre de l’UE. Sous le feu des projecteurs, il doit diriger les échanges et décider des sujets à l’ordre du jour. Il doit également travailler en concordance avec le programme, le calendrier et les axes de réflexions imposés par la commission européenne et le parlement européen. Ainsi, même si de nombreux éléments sont déjà fixés et que le pays présidant le Conseil n’est jamais à l’abri de crises à devoir gérer en urgence, il reste une marge pour aborder les points qui l’intéressent particulièrement.
Alors que trois thèmes principaux ont été indiqués pour l’année à venir : le numérique, la transition écologique et le social, la France devra tenter d’allier ces sujets et ses propres axes stratégiques. C’est le 19 janvier 2022 qu’Emmanuel Macron présentera officiellement le programme de travail de la France aux eurodéputés lors de la session plénière à Strasbourg.
Sur différents plans, la France devra tenter de diriger les échanges sur le plan économique puisque cinq programmes nationaux de relance sont encore en attente de prononciation. L’hexagone est également attendu sur la question de la place de l’Europe dans le monde, avec une réflexion appuyée sur l’autonomie stratégique européenne qui devra faire l’objet d’une attention toute particulière.
Mais être président du Conseil de l’UE, c’est quoi exactement ? Contrairement à ce que nous pourrions croire, la France ne dirigera pas l’Union européenne puisque celle-ci l’est déjà par Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne (l’exécutif européen) et Charles Michel, président du Conseil européen (regroupant les chefs d’États et de gouvernements). Durant 6 mois, la France dirigera le conseil des ministres de l’Union européenne ; l’institution qui centralise les décisions européennes. Le rôle de son dirigeant n’est pas de prendre des décisions mais de rédiger les ordres du jour. Le pouvoir d’Emmanuel Macron réside dans la mise à l’agenda de sujets jugés prioritaires. Plusieurs rôles entrent en compte dans cette présidence. Tandis que le président de la République, Emmanuel Macron, fixe les orientations et priorités du mandat, les ministres français président les 9 différents groupes du Conseil de l’UE en fonction de leur domaine de compétence. Sous l’autorité du Premier ministre Jean Castex, le secrétariat général des Affaires européennes dirigé par Clément Beaune, coordonne les positions et la cohérence du gouvernement.
Quel programme pour la France ?
Le jeudi 9 décembre dernier, à l’occasion d’une conférence de presse, le président de la République a dévoilé les axes principaux de la PFUE: la relance, la puissance et l’appartenance. Ces trois axes ont été fixés avec la République Tchèque et la Suède qui prendront les 2 présidences suivantes.
Dans son discours du 9 décembre, Emmanuel Macron a également précisé des thèmes plus concrets de discussion pour les six prochains mois : la politique de défense commune, l’appel au réengagement de l’Union européenne dans les Balkans, la réforme de l’espace Schengen, la coopération entre l’UE et l’Afrique ou encore la réflexion autour du cadre budgétaire de Maastricht.
L’une des premières batailles de ce semestre sera de porter la discussion sur un service civique européen pour les moins de 25 ans, un sujet qui tient particulièrement à cœur à Emmanuel Macron et qui a été porté par de nombreux jeunes européens.nes.
Pour finir, le chef de l’État a affirmé vouloir « forger une histoire de notre Europe » face aux « révisionnismes » mais également faire de l’Europe « une puissance du numérique ».
Des événements localisés en France
Dans le cadre de la présidence française du conseil de l’Union européenne, de nombreux événements se dérouleront directement en France. Si les réunions ministérielles resteront localisées à Bruxelles et au Luxembourg, d’autres rendez-vous se tiendront sur le territoire français : réunions informelles entre ministres, rendez-vous d’experts, séminaires sur des questions européennes, nombreuses conférences internationales, sommets, événements culturels. En tout, plus de 400 événements sont prévus dans l’agenda de la PFUE.