Apparu dans la ville de Wuhan, dans la province chinoise de Hubei en décembre 2019, le coronavirus s’est progressivement propagé au reste du monde au début de l’année 2020. Surnommé le virus chinois, le Covid-19 a provoqué une vague de racisme anti-asiatique, notamment en France.
Avec la médiatisation du coronavirus et sa propagation dans le monde, un autre virus s’est progressivement installé: la xénophobie envers les personnes asiatiques ou d’origine asiatique. On accuse les personnes asiatiques d’avoir créé ou pire d’avoir ramené le virus en France. Les médias ne sont pas exempts de reproches: ils parlent notamment de virus chinois au lieu d’employer le vrai nom Covid-19. La Une du Courrier Picard du 26 janvier 2020 fait figure de triste exemple: on y parle d’alerte et de péril jaune. Le journal local a depuis présenté ses excuses mais le mal est fait.
Au même moment, alors que le Nouvel An chinois se prépare, les commerces et restaurants chinois de la capitale française voient leurs ventes s’effondrer: certains commerçants enregistrent une baisse d’activité de 30%. Le hashtag #JeNeSuisPasUnVirusest trouve un écho important: des personnes d’origine asiatique ou perçues comme telles témoignent d’agressions, de harcèlement et d’un climat de haine. Au-delà de ces faits, les victimes font face à une méconnaissance de la diversité culturelle du continent asiatique – tous les asiatiques sont vus comme de nationalité chinoise – et au cliché de la diaspora asiatique docile et discrète – qui ne va donc pas répondre aux attaques.
Dans un rapport publié en juin 2020, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne relève que « la pandémie de Covid-19 a déclenché une augmentation des incidents racistes et xénophobes contre les personnes (perçues comme) étant d’origine chinoise ou asiatique, y compris des insultes verbales, du harcèlement, des agressions physiques et des discours de haine en ligne». Depuis la deuxième vague et le reconfinement de la fin d’année 2020, on assiste à une recrudescence des actes racistes envers les personnes asiatiques. Les journalistes de l’émission Quotidien ont notamment recueilli le témoignage d’une femme de 37 ans d’origine vietnamienne, victime d’une agression à Paris le 20 octobre dernier pour laquelle elle a porté plainte: «Ils ont commencé à crier des insultes racistes: ‘Rentre chez toi en Chine’, ‘Va manger du chien en Chine’,C’est à cause des Chinois le coronavirus […] Ils m’ont arraché les cheveux, ils m’ont donné des coups sur la tête. J’avais très mal.» Un incident loin d’être isolé: le Parquet de Paris a ouvert une enquête le 30 octobre dernier face à un appel à «agresser chaque chinois qu’ils croiseront dans la rue» relayé sur les réseaux sociaux.
Article rédigé par Justine Vaillant.