La crise sanitaire a plus que jamais laissé son empreinte sur le secteur culturel et plus précisément dans le domaine de l’audiovisuel, le cinéma en témoigne. Confinement oblige, les contenus numériques en tous genres, mais surtout les plateformes de streaming vidéo, se sont taillés la part du lion durant ces longs mois de début d’année. Analyse.
Coronavirus ou non, le dématérialisé a le vent en poupe. Qu’on se le dise, le temps nous aurait semblé bien long si nous n’avions pas eu accès aux plateformes de musique, aux articles en ligne, aux jeux vidéo et bien sûr aux plateformes de vidéos à la demande.
Le baromètre réalisé par Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet) en avril dernier indique d’ailleurs que 89% des personnes interrogées sur leurs pratiques durant le confinement ont consommé films, séries, musiques, jeux-vidéos et expositions numériques.
Cet usage profite largement aux plates-formes de streaming vidéo par abonnement et s’il commençait déjà à damer le pion des sorties au théâtre ou autres avant nos longues semaines en vase clos, le confinement n’a fait que renforcer l’adoption de ces contenus et leur utilisation.
Par ailleurs, les aficionados de contenus vidéo et audio ont opté à 63 % pour une pratique de consommation purement légale alors qu’ils n’étaient que 56 % l’an passé.
Ce sont surtout les jeunes hommes qui ont le plus renoncé à cette habitude parce qu’une multitude d’offre de contenus (enrichie et gratuite) était temporairement disponible et que dans le même temps, au mois d’avril, de nombreuses séries populaires sont venues renforcer les rangs des plateformes : La Casa de Papel, The Mandalorian, le Bureau des légendes …
Le public s’est laissé séduire, entrainant de fait un effet sur les plateformes de streaming illégales. Parmi les consommateurs illicites, ils sont par exemple 28 % à regarder des séries de manière légale comparé à « l’avant confinement ».
Pas le même maillot, mais la même passion
Si Netflix était apparu comme premier et seul acteur en tant que plateforme de streaming, de plus en plus d’entrants ont rejoint ce marché au fil des années et se livrent une guerre sans merci.
Parmi eux Amazon Prime Video, Apple TV+, HBO (OCS en est l’équivalent en France), et enfin, plus récemment, Disney+ et SALTO (la plateforme 100% française, cocorico !).
Si ces plateformes ont l’avantage d’offrir un contenu disponible immédiatement, elles n’offrent pas toutes le même car elles possèdent chacune leurs exclusivités (contenu présent chez l’une, qu’on ne retrouve pas chez l’autre).
Des plates-formes en pleine forme
Netflix par exemple, est installé depuis longtemps (1997) et a pu étoffer et diversifier son catalogue. Il s’est ainsi octroyé le luxe d’attirer pas moins de 7 millions d’abonnés uniquement dans la zone Europe (15 millions au total dans le monde), sur les 15 derniers jours de mars*.
Étant donné qu’il est le plus ancien acteur, il se retrouve aussi dans la position du plus connu et du plus suivi, comptabilisant 190 millions d’abonnés à travers le monde. Mais Netflix est aussi, à l’instar des autres plateformes, des contenus forts, qui ont su séduire un public et le fidéliser : Black Mirror, La Casa De Papel, Stranger Things, Narcos …
Des contenus qualitatifs que l’on ne retrouve que sur cette plateforme, ce qui donne un argument, de fait, pour rejoindre leur communauté … et ne pas la quitter. Netflix possède aussi plusieurs abonnements distincts disponibles. L’entrée de gamme débute à 7,99€ et est résiliable à tout moment. L’abonnement est une stratégie sûre pour une entreprise, surtout si elle fidélise son public. Il s’agit d’assurer une rente mensuelle … y compris en cas de crise. Si certains auraient pu être tentés de l’annuler, l’ennui et l’enfermement ont non seulement eu raison d‘une éventuelle envie d’annulation mais ont également boosté les souscriptions d’abonnement.
L’arrivée de Dinsey+ en France le 7 avril dernier au tarif de 6,99€ (soit un euro de moins que Netflix) était l’intronisation d’un challenger redoutable. Le partenariat qui s’en est suivi avec Canal+ (distributeur exclusif du service pour ceux qui ne choisissent pas de s’abonner directement sur la plate-forme) a permis au groupe de diffuser, en exclusivité, The Mandalorian, première série dérivée de Star Wars avec 3,4 millions de téléspectateurs à la clé. Conséquent !
De son côté, Amazon Prime Video s’en sort également avec les honneurs en s’appuyant notamment sur ses programmes originaux comme Bosch ou The Boys. Le service profite également de la force d’Amazon qui fait bénéficier automatiquement ses clients Prime de sa plateforme de streaming vidéo.
D’autres plateformes, comme Apple TV+, ont offert la possibilité de parcourir leur catalogue de contenus exclusifs gratuitement durant le confinement, ce qui leur a également apporté une visibilité considérable pour s’octroyer de futurs abonnés.
Le cinéma à la maison
Par ailleurs, le confinement ayant fait déserter le public des salles de cinéma après coup, beaucoup de distributeurs se tournent vers les plateformes de streaming pour y diffuser leurs films. Cela a fait la part belle aux plateformes mais a provoqué non seulement la colère des exploitants de cinéma mais également celle des aficionados des grands écrans. Disney a, par exemple, décidé de sortir directement le film Live Action Mulan sur sa plateforme Disney+ alors que le film était censé sortir dans les salles obscures et le prochain film du réalisateur Olivier Marchal Bronx sortira, quant à lui, directement sur Netflix.
La suite ?
Cela étant dit, le confinement a entrainé des retards tant dans la production de contenus que dans leurs traductions (la majorité des plateformes proposent leurs services dans 190 pays…). De fait, les nouveaux contenus vont mettre du temps à arriver et une certaine lassitude des utilisateurs risque de se faire sentir vis-à-vis des catalogues des plateformes surtout si reconfinement il y a …
Article rédigé par Hugo Gaillard.