L’élection présidentielle s’est terminée il y a quatre semaines, et pourtant, Donald Trump n’accepte toujours pas sa défaite. Les QAnon dénoncent le trucage de l’élection et continuent de relayer de fausses informations sur des prétendus complots suite à la victoire de Joe Biden.
Au matin de l’élection présidentielle, « Q » le mystérieux chef du mouvement publie un message « Ensemble nous gagnons ». Depuis la victoire de Joe Biden, le mouvement conspirationniste s’inquiète du silence de leur chef mais beaucoup d’entre eux répètent « Trust the plan », un des mantras QAnon.
La naissance de QAnon
Le mouvement QAnon a vu le jour fin 2017 lorsque « Q », un internaute anonyme, a répandu une théorie complotiste selon laquelle Donald Trump serait en guerre contre un « État profond » gouvernant l’Amérique depuis plusieurs décennies. Des démocrates comme Hillary Clinton ou Barack Obama, des milliardaires ou encore des stars hollywoodiennes seraient à la tête de ce complot. Trump serait le héraut cherchant à démasquer cette conspiration, qui se livrerait au trafic d’enfants dans de grands réseaux pédophiles.
C’est avec l’aide des réseaux sociaux que ce mouvement a pris une telle ampleur. Les QAnon scandent dans les rues ou sur les réseaux sociaux de nombreux messages complotistes mettant en doute la véracité du coronavirus, du confinement et de nombreuses autres théories. En Géorgie, Marjorie Taylor Greene a fait son entrée au Congrès en novembre dernier et est l’une des nombreuses partisantes de ce mouvement. En 2017, elle avait propagé des théories du complot en souhaitant « éliminer cette cabale mondiale de pédophiles satanistes ». Les partisans de ce mouvement n’appartiennent pas seulement à une certaine communauté mais ont infiltré de nombreux secteurs du pays.
Donald Trump refuse de condamner le mouvement
Durant sa campagne présidentielle, Trump avait avoué tout ignorer du mouvement QAnon mais avait cependant ajouté « D’après ce que j’ai compris, ils m’aiment beaucoup, ce que j’apprécie. ».
Lors d’un débat télévisé le jeudi 15 octobre dernier, le président sortant avait tout simplement refusé de condamner les QAnon et leurs idées en précisant être d’accord avec leurs positions « contre la pédophilie ».
Quelques personnalités se sont depuis ralliées à la cause de « Q », comme le général Flynn, un ex-conseiller de la Maison-Blanche, ou encore l’un des fils de Donald Trump. La candidate Jo Rae Perkins a, fin juin, prêté serment envers QAnon, en tant que « soldat numérique », suivi par le général Flynn. Selon les chiffres de Media Matters, près de 97 personnalités politiques se seraient ralliées à la cause QAnon.
La disparition de Q
Au lendemain de l’élection, les partisans QAnon s’étonnent du silence de leur chef et s’alarment quant à l’avenir du mouvement. Tristan Mendès, collaborateur de l’Observatoire du conspirationnisme, constate « Les résultats font naître du désarroi et le silence de Q entraîne des questionnements ».
Et pourtant, les partisans tentent de se réconforter en continuant de « faire confiance au plan ». Les soldats numériques de Q se rassurent et se confortent dans le déni de la défaite de Donald Trump. Pour Travis View, chercheur spécialiste du complotisme « QAnon est tellement centré sur Trump qu’il y a peu d’espoir que les adeptes acceptent la défaite jusqu’à ce que Trump le fasse. Et même dans ce cas, ce n’est pas une garantie.»
Pour continuer de défendre Trump et le prétendu trucage des votes, les partisans cherchent des preuves et continuent de relayer des fake news. Pour faire face à la frustration du silence de Q, les partisans y voient un signe, une référence à une phrase publiée par leur chef « Watch the water » (« Méfiez-vous de l’eau qui dort ») qui prend plus que jamais tout son sens pour eux.
Les partisans restent sûrs d’eux et du mouvement, Q reviendra. Comme le prouve ce message posté sur un site QAnon.
Selon les résultats de Media Matters, Donald Trump aurait relayé plus de 265 fois les théories complotistes QAnon durant son mandat.
Article rédigé par Johanna Bruyer.