Par Léonore Choulet
Chers lecteurs, profitez de ces derniers instants d’objectivité.
C’est officiel, le journalisme encourt un grand danger. Considérée comme un pilier de la démocratie, cette institution se voit heurtée en son cœur.
En novembre 2024, un groupe d’investisseurs conservateurs rachète l’Ecole Supérieur de Journalisme (ESJ). Parmi eux figurent quelques noms particulièrement influents tels que Vincent Bolloré ou Arnault Lagardère.
Si l’objectivité absolue n’existe pas, le journaliste doit y tendre le plus possible. Certains facteurs ne peuvent être ignorés : le besoin de produire des informations en conformité avec une rédaction, la nécessité de conserver des sources, quitte à ménager ces dernières… En 2019, des sociologues comme Erik Neveu tiraient déjà la sonnette d’alarme sur ces questions. Il évoquait une « mauvaise » fabrique de l’information.
Pour les mêmes raisons, nombreux s’affolent depuis plusieurs années face aux phénomènes de concentration médiatique. Si la démocratie repose sur une bonne information des citoyens qui elle-même passe par la pluralité des médias et des sources, comment peut-elle survivre à la stratégie des oligarques ?
Leurs poches débordent d’argent et quelques billets tombent sur les médias qu’ils achètent. Ils bâtissent des empires et détiennent dans une seule main les divers canaux d’information. La silhouette de Vincent Bolloré se découpe derrière les enseignes de CNEWS, Canal +, C8, Hachette et CNEWS tandis que celle de Lagardère surplombe Europe 1, Paris Match, RFM, Gulli… Les alliances entre oligarques se multiplient, comme le prouve le rachat en avril 2020 du groupe Lagardère par Vincent Bolloré.
Ainsi, les journalistes semblent condamnés à se retrouver menés par la main de fer des grands pontes. L’information d’aujourd’hui se voit menacée. Mais que peut-on espérer pour celle de demain quand la plus ancienne école de journalisme de Paris, la respectée ESJ, vient d’être rachetée par un groupe extrêmement puissant ? À quoi ressembleront les futurs journalistes, formés par des oligarques dont la seule volonté est de répandre un maximum leurs idéaux en concentrant le plus de médias sous leur main ?
Aux Etats-Unis, Donald Trump est à nouveau président de la République, accoudée par l’oligarque Elon Musk qui assume clairement son accointance avec l’extrême-droite, allant jusqu’à effectuer deux saluts nazis à la télévision. Partout dans le monde, le fascisme monte, conforté par les médias et l’angle qu’ils accordent aux sujets qu’ils traitent.
Aujourd’hui déjà, l’extrême droite gagne de l’ampleur. Que dira-t-on demain d’une société informée par des journalistes éduqués par cette dernière ?
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