Par Nathan Ribeaud

© Nathan Ribeaud – Victor Chambolle-Solaz, musicien

Dans sa chambre où traînent une guitare, un lecteur vinyle et quelques piles de CD, Victor, 22 ans, parle de sa passion musicale avec une évidence tranquille. Étudiant en licence « musique et métiers du son », qu’il termine cette année, il consacre l’essentiel de son temps à son groupe principal, Interlude. « C’est avec eux que je fais le plus de dates », résume-t-il.

La guitare l’accompagne depuis l’enfance. « J’ai commencé à cinq ans », rappelle-t-il en souriant légèrement. Aujourd’hui encore, il voit la musique comme une manière d’exprimer ce qu’il dit moins facilement. « C’est un moyen de communiquer… même sans paroles ».

Entre passion et professionnalisation, l’équilibre est parfois fragile. Victor le reconnaît :

« Plus tu avances, plus tu réfléchis à l’aspect monétaire. Faut bien vivre. Mais ça enlève un peu le côté fun de juste faire de la musique avec des potes ». L’enthousiasme des débuts se heurte aux démarches nécessaires : communication, organisation, projets à faire avancer. « C’est fatigant, ça prend plus de place que de juste jouer ».

Trouver un style propre reste pour lui l’un des défis majeurs. « On est forcément influencés par tout ce qu’on écoute. Et on peut pas être trop avant-gardiste, sinon les gens ne suivent pas ». Pour se distinguer, il mise sur la pluralité des références : « Si les gens n’arrivent pas à dire quelle influence est la plus importante, c’est que t’as trouvé un truc ». Ses inspirations viennent surtout de son entourage. « Les potes musiciens autour de moi. Je comprends mieux leur manière de créer ». Les groupes connus comptent aussi, mais à distance.

« Arctic Monkeys, je les verrai jamais composer dans une pièce. Mes amis, si ».

Quant à définir l’art, Victor hésite. « Plus j’avance, moins j’y arrive ». Il tente une formulation simple « tout ce qui est créé avec une intention d’être musical » mais la trouve immédiatement insuffisante. « C’est trop facile de prouver que c’est faux ».

Il se décrit plus productif dans les extrêmes émotionnels. « Quand je suis très heureux ou très malheureux, j’écris plus. Quand ça va juste normal, moins ». La stabilité l’aide cependant dans les aspects pratiques : mails, organisation, tâches autour de la musique.

Dans ses compositions, pas de message revendiqué. « On raconte juste nos vies. Moi je chante, mais Milos, mon batteur, aussi. C’est un peu nos deux parcours en parallèle ». Pas de grand manifeste, juste le quotidien mis en sons.

Dans sa chambre silencieuse, au milieu des objets qui rappellent sa pratique, Victor se résume simplement : « C’est pour ça que je fais de la musique. » Et derrière la phrase, on devine surtout une trajectoire qui se cherche encore, mais qui avance.

Nos derniers articles