Par Charles Ride
Le Hellfest a dévoilé sa programmation complète pour son édition 2025, une annonce qui n’a pas manqué de faire naître polémiques et innombrables débats sur les réseaux sociaux. Retour sur les raisons ayant suscité à la fois questionnements et déceptions, alors que le célèbre festival de musique extrême commence à y être habitué.
Depuis 2006, la commune de Clisson, située dans le département de Loire-Atlantique, accueille chaque année le Hellfest, l’un des plus gros festivals de hard rock et métal d’Europe. Un véritable événement symbole d’une fierté portée par les férus de la musique qui gronde au son électrique de la guitare et qui vibre à la lourdeur de la batterie. Le Hellfest, c’est 60 000 visiteurs par jour pendant quatre jours, pour un total de 240 000 billets vendus en 2024. C’est le lieu de pèlerinage et de rencontre d’une communauté de niche, avec des festivaliers venus de toute l’Europe, si ce n’est également d’ailleurs.
Seulement voilà, depuis plusieurs années, les polémiques font partie de l’identité du festival, et l’édition 2025 ne fera pas office d’exception. En cause, une programmation de plus en plus lisse et mainstream qui peine à convaincre les fans de la première heure d’une part, et la présence d’artistes accusés de violences sexuelles par le passé d’autre part. De quoi alimenter un discours sceptique qui prend de l’ampleur d’année en année à l’égard du festival.
Une programmation trop « soft » en 2025 ?
Lundi 9 décembre 2024, 17h à Paris : le Hellfest dévoile sa programmation pour son édition 2025 et met fin à une attente interminable dans la communauté métal en France ; ce jour-là, ce ne sont alors pas moins de 184 groupes qui sont présentés sur l’affiche de la line-up en question.
Cependant, la fin de l’attente n’aura pas été nécessairement synonyme de soulagement. En têtes d’affiche du festival, quatre groupes : Korn, Muse, Scorpions et Linkin Park. Les réactions sont immédiates mais surtout mitigées, et l’une d’entre elles a un écho retentissant, en particulier sur les réseaux sociaux. Nous pourrions la résumer en une interrogation : le Hellfest n’est-il pas censé être un festival de métal ? C’est en effet une vague de déception qui envahit une partie de la communauté des métalleux de France, au regard de la « popisation » du menu du festival qui a pourtant bâti son identité sur l’audace de ses programmations antérieures, et qui a toujours fait honneur à la musique extrême. Si Korn ne semble pas poser de problème à qui que ce soit, les présences de Muse et de Scorpions voire même de Linkin Park font grincer des dents, alors que plusieurs groupes pressentis comme Slipknot, Gojira, Meshuggah ou encore Opeth ne seront finalement pas de la partie à Clisson en juin prochain.
Depuis plusieurs années, les festivaliers sont invités à acheter leur pass un an à l’avance, sans même connaître les têtes d’affiche, afin de s’éviter une liste d’attente dérisoire et la crainte de ne pas pouvoir se procurer de billet. Pas étonnant que la déception fasse naître en second lieu de la frustration chez celles et ceux qui ne se retrouvent pas à travers les groupes à l’affiche.
Encore des groupes qui posent question
« Des fans conspuent la présence d’un groupe de pop-rock, d’autres regrettent celle d’un agresseur sexuel », pouvions-nous lire dans un article de 20 Minutes publié le 10 décembre dernier, au lendemain de l’annonce de la programmation du Hellfest 2025. Si le premier élément constitutif des polémiques récentes reste léger et ne concerne que les goûts musicaux de chacun et chacune, de nombreux reproches ont également été émis à l’encontre de Ben Barbaud, fondateur et directeur du Hellfest, pour avoir fait le choix de programmer Till Lindemann, accusé d’agressions et de violences sexuelles par plusieurs femmes en 2023. Bien que les poursuites à l’encontre du mythique chanteur de Rammstein aient été abandonnées par le parquet de Berlin, la pilule a du mal passer pour de nombreux festivaliers, qui reprochent à Ben Barbaud d’être incohérent, ce dernier ayant décidé de ne pas inviter Marilyn Manson pour les mêmes raisons.
Cette nouvelle polémique s’inscrit dans un contexte ayant vu le Hellfest être critiqué pour le manque de moyens mis en place afin d’assurer la sécurité de ses festivalières par le passé. Difficile d’imaginer que la présence de Till Lindemann ne viendra pas empirer la situation, alors que le directeur du festival a réagi en déclarant qu’il n’était « pas juge, mais directeur et programmateur de festival », précisant que son rôle était de convier « les artistes que les gens ont envie de voir », rien de plus. Une explication qui peinera très certainement à convaincre certains, mais qui n’empêchera vraisemblablement pas le Hellfest 2025 d’afficher complet comme à son habitude.
De nombreux internautes ont déjà promis, via les réseaux sociaux, de revendre leur pass pour l’édition du Hellfest 2025, qui trouvera probablement son public ailleurs que parmi les puristes et festivaliers de la première heure. Les interrogations autour de l’édition 2026 commencent alors d’ores et déjà à émerger : le changement de trajectoire du Hellfest est-il voué à s’installer dans le temps, ou bien est-ce qu’un retour en arrière est à envisager par les organisateurs au regard des avis négatifs d’une partie de la communauté métal.
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