Par Emma Prunel
Dès le plus jeune âge, on apprend aux jeunes filles à « jouer à la maman », on leur demande combien elles voudront d’enfants plus tard ou encore comment elles les appelleront. Comme si devenir mère allait de soi, comme s’il n’y avait pas d’autre choix. Certaines femmes font cet autre choix et en subissent les conséquences au quotidien.
Quelle petite fille n’a jamais joué à la poupée, promenant son bébé fictif en poussette, s’occupant de lui et jouant avec comme un vrai ? Dès leurs premières années de vie, les petites filles grandissent avec l’image qu’un jour, quand elles seront grandes, elles seront mamans. La maternité leur est présentée comme une évidence, une étape par laquelle toute femme passe, une sorte de but ultime. Comme si une femme ne s’accomplissait réellement qu’en donnant la vie. Cette idée est fortement ancrée dans les mentalités aux côtés des schémas familiaux traditionnels du siècle dernier. Résultat : les femmes se retrouvent face à la fatalité de devenir maman un jour ou l’autre. Et contrairement aux générations précédentes, les femmes considèrent désormais la réussite professionnelle comme une source d’épanouissement et d’accomplissement et font donc des enfants plus tard. Malgré tout, elles gardent en tête le tic tac de la fameuse horloge biologique.
Les femmes face à la pression de la maternité
Qu’importe la raison qui pousse une femme à ne pas être maman, que ce soit pour privilégier sa carrière professionnelle, parce qu’elle ne se sent pas prête, par soucis de santé ou tout simplement parce qu’elle n’en veut pas, elle sera mise sous pression. Chaque tranche d’âge possède son lot de remarques. Combien de femmes ont entendu qu’elles changeraient d’avis sur la maternité ? Ou encore « Alors c’est pour bientôt ? ». Sans oublier le fameux : « Attention, l’horloge tourne, après il sera trop tard ! ». Et bien évidemment, quand une femme dit ne pas vouloir d’enfant à 40 ans, elle est égoïste. Toutes ces remarques peuvent être destructrices pour beaucoup de femmes. Il est rare de s’épancher sur ses problèmes d’infertilité, de raconter des fausses couches subies, ou de parler du traumatisme parfois lié à sa grossesse ou à son premier accouchement. Et non, ce n’est pas parce qu’une amie ne boit pas d’alcool au dîner ou qu’elle a un petit ventre qu’elle cache un « heureux évènement ».
D’après une enquête réalisée par l’Institut National d’Études Démographiques en 2012, 5% des femmes disent ouvertement ne pas vouloir d’enfant. Ce choix, généralement incompris, est mal vu par la société. Les gens trouvent cette décision suspecte, louche ou même égoïste. Pour ces femmes, avoir un enfant ou non est un choix personnel et un droit qu’elles ne devraient pas avoir à justifier constamment. Une fois ce choix exprimé publiquement, il est très difficile d’éviter les remarques. « Le jugement est quelque chose avec lequel il faut apprendre à vivre », explique dans Marie Claire, Laëtitia, 33 ans, sans enfant.
La maternité, sujet tabou dans le monde professionnel
Parce que ne pas vouloir d’enfant dérange, en vouloir (ou en avoir) pose aussi problème, particulièrement dans le monde professionnel. D’après un sondage américain réalisé par Modern Family 201 en 2018, 21% des femmes ont peur d’annoncer leur grossesse à leur hiérarchie. Cette pression se ressent aussi lors des entretiens d’embauche. En France, s’il est interdit de demander à une femme si elle prévoit d’avoir des enfants dans les prochaines années, certains recruteurs trouvent malgré tout le moyen d’obtenir l’information. Certaines femmes avouent avoir menti sur leurs projets futurs lors d’entretiens d’embauche pour avoir une chance d’obtenir le poste convoité. Le retour au travail après un congé maternité est, lui aussi, sujet au jugement. Les femmes qui souhaitent retourner travailler rapidement se sentent coupables et reçoivent des remarques telles que « Tu reprends déjà ? », « Tu vas laisser ton enfant si jeune ? », « Tu vas arrêter de l’allaiter alors ? ». Autant de réflexions qui font culpabiliser les jeunes mères qui souhaitent simplement allier leur vie personnelle à leur vie professionnelle.
La pression autour de la maternité n’est pas nouvelle mais la parole autour de ce sujet tend à se libérer doucement. Les idées reçues sur l’épanouissement des femmes à travers la grossesse restent très ancrées dans les mentalités. Les jugements sur leurs choix de vie parfois oppressants. Et parce que ce n’est pas suffisant d’avoir la pression d’être mère, il y a évidemment la pression d’être une bonne mère.
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