Par Blanche Lobel
Tu sais, il y a des œuvres qui, sur un plan plus profond que le divertissement humain touchent à un plan plus profond, à quelque chose de plus universel. Wicked fait partie de ces phénomènes culturels qui ne se contentent pas d’exister : ils captivent, ils rassemblent, et surtout, ils font rêver. Dans son adaptation cinématographique, il ne lui suffit plus de conquérir Broadway, le film a pour but de réaffirmer la place des comédies musicales dans le cœur du public américain, et bien au-delà.
Mais d’où viennent cet engouement et cette ferveur pour Wicked qui sembleraient presque magique ? Ce n’est pas une question de nostalgie, même si les fans y trouvent une œuvre de longue date qu’ils chérissent. Ce n’est pas non plus seulement dû à la musique envoûtante ou aux décors somptueux. Non, c’est plus subtil, plus viscéral.
Wicked capte un besoin universel de croire aux récits qui nous emportent loin, et surtout qui nous parlent de nous-même. C’est le cliché de l’outsider, qui refuse de se laisser enfermer dans des cases qu’on lui impose. C’est l’histoire d’une amitié qui transcende toute épreuve, même les différences les plus importantes. Mais surtout, c’est l’histoire d’une révolte douce, celle qui nous pousse à défier la gravité des attentes sociales et des jugements, non à attendre dans une casserole qui bout petit à petit telle des grenouilles inconscientes de leur sort.
Mais un tel engouement pour ce film, et pour les comédies musicales en général, met aussi le doigt sur un point distinct de notre époque. Les comédies musicales ne sont plus seulement un divertissement, elles sont un refuge. Dans un monde saturé d’images et de nouveaux anxiogènes, elles nous offrent un échappatoire. Les mélodies que l’on entend même en dehors de la salle de cinéma, les couleurs, le cliché des récits, tout nous pousse dans cette joie d’être porté ailleurs même pour quelques heures seulement. Ce n’est par ailleurs pas un hasard si les États-Unis, pays de la démesure et des grands récits, sont si attachés à ce genre. Depuis le début des années dorées de Broadway jusqu’à l’explosion moderne de Hamilton, ce genre de cinématographie est un miroir de l’Amérique : il parle de lutte et d’espoir, de diversité et d’universalité à la fois. Il célèbre en même temps l’individu et sa communauté. Avec Wicked, cette passion pour les « musicals » atteint une nouvelle apogée. Le film ne fait que prolonger ce lien d’intimité entre le public en lui rendant à son imagination une œuvre qui depuis plus de vingt ans, n’a cessé de faire vibrer des générations. Ce n’est pas un sujet commercial ni même critique, mais un phénomène d’attachement émotionnel. et ce dit attachement, cher lecteur, ne disparaîtra pas de sitôt.
Alors pourquoi un tel engouement ? Peut-être parce que Wicked incarne cette réalité fondamentale : chacun mérite d’être vu pour ce qu’il est, et non pour ce que les autres veulent qu’il soit. Et dans une société en quête de sens, qui pourrait résister à un message aussi universel, porté par des notes qui résonnent bien après la dernière scène et nous en annonce la suite pour novembre 2025 ?
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