Par Lucas Brun
Le 3 Septembre 2022, 15 000 spectateurs ont assisté au premier événement Ultimate Fighting Championship (UFC) en France, à l’Accor Arena. Une grande réussite grâce aux 5 français présents sur l’affiche qui en sont sortis vainqueurs. Les résultats économiques confirment ce succès : 33 millions d’euros de bénéfices et 400 emplois créés pour l’occasion.
Dernier pays européen à avoir autorisé la pratique du MMA sur son sol, la France est désormais l’un des pays montants de ce sport longtemps décrié, à la fois par les autorités et une partie de l’opinion publique française. Ce sport étant peu connu et stéréotypé, il est important d’en donner une définition claire : le Mix Martial Arts (MMA), anciennement appelé free-fight, est un sport de combat mêlant les différents types de boxes avec la lutte ainsi que le jiu-jitsu.
Principale différence avec les autres sports de combat : les coups au sol sont autorisés. Les combats sont régis par un ensemble d’interdits : coups derrière la tête, doigts dans les yeux, morsure, coups de coude verticaux ou encore coups dans les parties intimes. Au total ce sont environ 31 règles, selon les organisations, auxquelles les combattants doivent se soumettre.
Si ce sport était interdit jusqu’en janvier 2020, c’est en partie à cause des clichés véhiculés par la discipline. Beaucoup perçoivent le MMA comme du combat où tous les coups sont permis et ne savent pas que les réglementations sont strictes et évoluent avec le temps. Les catégories de poids, par exemple, n’existaient pas avant 2003 et certains coups choquants étaient autorisés, comme les coups de pied ou de genoux au visage sur un adversaire au sol.
Deuxième raison : le lobbying des autres disciplines comme le judo ou la boxe, très populaires en France et dont les fédérations redoutent que leurs adhérents se détournent de leur sport pour le MMA. Jean-Luc Rougé, ancien président de la Fédération Française de Judo avait même déclaré : « Le MMA est un refuge pour djihadiste ». Les autorités avaient elles-même avancé que « la violence et les actes barbares et sauvages commis au nom du sport sont dénués de valeur sociale dans une société civilisée qui respecte les droits de l’homme ». Mais l’aspect « barbare » du MMA est à reconsidérer : la cage est faite pour protéger les combattants afin qu’ils ne soient pas éjectés du ring par exemple.
La France, pionnière malgré l’interdiction ?
Malgré l’interdiction, de nombreux français ont, dès les années 90, tenté leur chance avec plus ou moins de succès dans la discipline. Devenus pour certains de grands noms a l’étranger, leur popularité en France n’a pas su se développer en l’absence de médiatisation. Contrairement à Jérome Le Banner (Kickboxeur) ou Tony Yoka (Boxeur) par exemple, pour qui les disciplines sportives sont acceptées depuis longtemps. Ces français arrivés 10, voire 20 ans trop tôt, ont pourtant fait la fierté du pays à l’international. C’est le cas par exemple de Kristof Midoux, premier français à avoir combattu à l’UFC puis entraîneur de la légende québécoise de la discipline : George Saint-Pierre. D’autres français ont suivi, comme Cheick Kongo ou encore Cyrille Diabaté.
Les Français commençaient déjà à se créer une réputation dès les années 90 en se rendant à l’étranger pour combattre. Malgré un environnement hostile, ces pionniers du MMA français ont pavé la route pour les combattants actuels qui ont désormais l’opportunité d’évoluer dans leur pays et se former dans un circuit amateur très développé. Une révolution dans le MMA dont Bertrand Amoussou, ancien combattant du Pride Fighting Championships (organisation professionnelle très populaire au Japon) et frère du champion Bellator Karl Amoussou, est à l’origine.. Ce dernier avait d’ailleurs manifesté son mécontentement face à la situation en France en décidant de représenter l’Allemagne, sa deuxième nationalité. Par la suite, il a mené un long travail de création d’un règlement qui respecte à la fois la liberté qu’offre le MMA mais aussi le degré de sécurité souhaitée par les autorités françaises.
MMA : sport star des réseaux sociaux
La popularité médiatique actuelle du MMA en France est flagrante, notamment sur les réseaux sociaux. @GregMMA, de son vrai nom Grégory Bouchelaghem, ancien combattant du Pride, fait désormais partie de la culture populaire en publiant régulièrement des vidéos dans lesquelles il affronte les prodiges ou les espoirs français.
Il réalise également d’autres formats plus divertissants, en testant des personnes prises au hasard dans la rue. Chacune de ses publications tourne autour du million de vues, ce qui témoigne de l’engouement et de la fascination pour ce sport. Le nombre de médias indépendants a lui aussi explosé : « La Sueur », « Laser MMA », « AB Show » ou encore « MMA Propagande ».
Le premier français à avoir médiatisé le MMA auprès du grand public est Morgan Charrière. Ancien champion du Cage Warriors, il a su se créer une grande popularité sur les réseaux sociaux, notamment en collaborant avec le streamer de jeux-vidéos Kameto. Sa notoriété et l’engagement de ses followers sont tels que M6 fut la première chaîne nationale a proposé du MMA via sa plateforme en ligne 6Play.
Le succès de l’UFC à l’Accor Arena promet donc un avenir radieux à ce sport qui commence, doucement mais sûrement, à se démocratiser.
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