par Viktoriia Kalinina

Une des solutions proposées, et même imposées, est l’interdiction de la vente de voitures à moteur thermique d’ici 2035. La décision prise à l’automne 2022 a engendré des polémiques dans tous les espaces médiatiques. Les véhicules à moteur alternatif, comme les véhicules électriques, sont proposés en solution de remplacement.

Cependant, les Français·es ne semblent pas être d’accord avec cette mesure. On crie à l’hypocrisie, au renforcement de l’écart social lié à la mobilité, aux complots, ou alors, on est tout simplement et strictement contre cette mesure. Et par ricochet, la plupart des Français·es se méfient des voitures électriques. « Arnaque », « aberration écologique », « là pour sauver l’industrie, mais pas l’environnement », nombreux sont les termes négatifs employés sur les réseaux sociaux.

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Pourquoi passer à l’électrique ? 

Les avantages principaux du véhicule électrique sont les suivants : zéro émission à la conduite ce qui diminue la pollution et l’émission de CO2, le coût d’exploitation est réduit, tout comme le coût de recharge qui est inférieur à celui de l’essence, ou encore, les besoins de réparations et de passages au contrôle technique sont réduits. En effet, il n’y a pas de boîte de vitesses, ni de pièces mécaniques pour faire fonctionner le moteur électrique et transmettre son énergie jusqu’aux roues. Il n’y a pas non plus d’huile, et donc, pas de vidange.

Ensuite, nous pouvons également mentionner des avantages techniques, uniques à ce type de transport, comme la distribution optimale du centre de gravité qui est plus bas, ce qui permet de mieux stabiliser la voiture, ou encore, comme le freinage régénératif, qui permet de récupérer le « carburant » électrique en utilisant une conduite douce.

Ce freinage régénératif récupère l’énergie cinétique des roues afin de recharger la batterie de la voiture électrique lorsque le conducteur·rice relâche l’accélérateur. Ainsi, au lieu de freiner à l’aide d’une pédale, le conducteur·rice peut laisser sa voiture s’arrêter lentement, ce qui l’aide à récupérer quelques kilomètres d’autonomie. De même pour les descentes.

Les défauts de l’électrique

Cependant, à ces avantages s’ajoutent également des contre-arguments. Les principaux reproches, évidemment, visent le côté écologique de la mobilité électrique. Les véhicules commercialisés avec une étiquette « A » voire « Zéro émission » ne le sont qu’en fonction de la conduite. Nous relevons ici la face cachée des campagnes marketing des voitures électriques. Par ailleurs, si nous plongeons plus profondément dans le sujet, nous apprenons que la production de batteries émet une quantité de pollution non négligeable. En effet, la majorité des batteries de voitures électriques sont fabriquées à partir de lithium, un métal extrait de la terre par un processus qui consomme beaucoup d’eau et d’énergie. La production d’une seule batterie de voiture électrique peut générer jusqu’à 17 tonnes d’émissions de CO2, soit plus que les émissions annuelles d’une voiture lambda utilisant du carburant à essence.

La suite des défauts de la voiture électrique sont bien connus par le public : l’autonomie inférieure à celle d’une voiture thermique (350 km en moyenne), le coût d’achat très élevé, et pour couronner le tout, l’infrastructure de recharge publique sous-développée. Cela signifie que nous ne sommes jamais sûrs de trouver une borne de recharge disponible dès que l’on quitte notre domicile. Pourtant, si l’on conduit une voiture électrique sur l’autoroute, il est essentiel d’avoir assez de bornes de recharge. Sinon, la panne « sèche » nous guette.

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Bien sûr, il est nécessaire de mentionner que l’autonomie que nous évoquons représente une moyenne, tout comme le coût d’achat qui est cher, en moyenne.

Par exemple, la fameuse Tesla 3 possède 512 km d’autonomie. La voiture électrique la moins chère du marché, Dacia Spring, coûte 10 000 euros. Mais il n’est pas facile de trouver un juste équilibre entre le prix et l’autonomie. L’état français et les constructeurs européens nous assurent que ce n’est qu’une question de temps. Nous attendons donc les voitures européennes accessibles et écoresponsables…

Les émissions de CO2 : de l’usine aux 200 000 km

Alors, la promesse zéro émission serait un mensonge ? Pas tout à fait. L’étude de l’Agence de la transition écologique (ADEME) d’octobre 2022 a analysé des données sur les émissions liées aux voitures électriques tout au long de leur vie en France : de l’usine jusqu’aux 200 000 kilomètres parcourus. Et contrairement aux attentes des personnes « anti-électriques », l’étude annonce sans détour que ce type de véhicule émet entre 2 à 3 fois moins de pollution qu’une voiture thermique, même en prenant en compte l’impact carbone de la production de la batterie.

Cependant, le cas de la France est bien particulier, car l’impact carbone de l’énergie n’est pas aussi réduit partout dans le monde, pas même en Europe. Par exemple, si nous prenons le cas de l’Allemagne ayant refusé le nucléaire comme source d’énergie, l’empreinte CO2 des voitures électriques mentionnées dans l’étude évoquée ci-dessus ne sera pas aussi minime. En France, près de 80% de l’électricité provient de sources faibles en carbone comme le nucléaire, le solaire, l’hydro-électrique, etc. La plupart des pays du monde ne peuvent pas être aussi fiers en matière d’énergie « propre ». De fait, si l’on conduit en électrique dans ces pays, on évitera considérablement moins d’émissions nuisibles. Cependant, l’écart des émissions entre une voiture thermique et une voiture électrique reste toujours considérable. Peu importe le pays, la voiture électrique polluera toujours moins.

Pour un effet immédiat, le monde doit très rapidement faire la transition vers des énergies renouvelables ou au moins vers des émissions faibles, comme le nucléaire. L’Europe promet, bien sûr, que cette transition sera effectuée dans un futur proche, mais le scepticisme est de mise.

Que retient-on ?

Dans le contexte tendu de l’urgence climatique, la voiture électrique émerge comme une réponse cruciale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et pour atténuer les effets de la pollution atmosphérique.

Cependant, les préoccupations concernant l’empreinte écologique de la production des batteries et de leur recyclage, l’autonomie limitée, et le besoin d’une transition vers des sources d’énergie plus propres ne peuvent pas être négligées. La voiture électrique n’est pas une solution miracle, certes. Cependant, elle représente un pas important vers une mobilité plus « smart » et éco-responsable, à condition que l’on réussisse à adapter nos routes, nos maisons, ainsi que nos habitudes au monde de l’énergie propre et de l’économie plus écologique. Cette adoption dépendra entièrement des actions politiques, de l’innovation technologique, et de l’engagement en faveur de la transition à venir.

En conclusion, il ne s’agit pas véritablement d’être pour ou contre la voiture électrique, mais il s’agit de notre économie, de nos moyens de production, du recyclage, mais aussi de nos habitudes de consommation. Et si nous ne sommes pas habitués à entrevoir la mobilité et les transports dans cette perspective, il est tout de même important de la considérer, car notre avenir en dépend.

Voiture électrique, hydrogène, à l’huile, ou à l’essence synthétique… Ce ne sont que des « Quoi », les questions plus importantes seraient « Comment » et « Pourquoi », et c’est à nous de trouver des moyens pour y répondre.

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