Par Arthur Lacour
Giorgia Meloni, la cheffe du parti postfasciste Fratteli d’Italia, a été élue présidente du Conseil Italien le 22 octobre 2023 grâce à une alliance de la droite, et face à une gauche divisée. Son slogan : « Dieu, famille, patrie », qu’elle n’a pas hésité à appliquer dès ses premiers mois de mandat. Black Sheep vous dresse le bilan de la première année du postfascisme italien au pouvoir.
Arrivée en tête du premier tour des élections parlementaires avec 26% du suffrage, elle constitue ensuite une large coalition de droite au second tour lui permettant d’accéder à la présidence du Parlement grâce à 44% des voix. Avec 238 député·e·s sur 400 et 116 sénateur·rice·s sur 206, Giorgia Meloni peut compter sur une majorité solide pour mener à bien son programme électoral.
Elle l’assume, le revendique, et en a même fait son premier argument de campagne, Giorgia Meloni se dit héritière du fascisme de Benito Mussolini. Nostalgique de l’Italie des années 1940, elle affirme dans le quotidien italien La Stampa, que Mussolini était un excellent politicien. Son souhait ? Le retour d’une Italie chrétienne et blanche en s’appuyant sur la théorie du grand remplacement et en dénonçant le « lobby gay ».
« Dieu, famille, patrie », telle est sa ligne directrice. Si cela nous rappelle bien sûr la devise « Travail, famille patrie » de la France du régime de Vichy, c’est en réalité un slogan commun à toutes les politiques d’extrême droite. Malheureusement, ce sont les personnes queers, racisées, sans-emplois, réfugiées, musulmanes et juives qui en sont les premières cibles.
La question se pose alors : quelles sont les mesures appliquées ces derniers mois par le gouvernement Meloni ?
Giorgia Meloni tenant une conférence de presse | Quirinale via Wikimedia Commons
La chasse aux LGBTQIA+
Dès son entrée en politique en 1992, Giorgia Meloni a placé Dieu et la famille au centre de son discours. Une de ses premières actions fut d’ailleurs de distribuer des tracts anti-IVG. Il s’agit pour elle de l’argument majeur afin de défendre ses traditions.
Après s’être opposée au don du sang des homosexuels en 2001, puis à l’union civile des personnes de même genre en 2016, Giorgia Meloni a été claire : elle ne fera pas avancer les droits LGBTQIA+ et s’attaquera même à certains acquis.
Dès son arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni a pointé du doigt les familles homoparentales italiennes, notamment celles qui ont eu recours à la GPA (gestation pour autrui), pour lequel elle a déposé une proposition de loi visant à en faire un délit universel pouvant être puni d’un million d’euros d’amende et de deux années de prison ferme, et à la PMA (procréation médicalement assistée) à l’étranger. Depuis mars 2023, les parents non biologiques ne pourront plus apparaître sur les actes de naissance, et pour ces actes déjà existants, le gouvernement a demandé au tribunal leur modification afin de supprimer le nom du père ou de la mère non biologique. Plus d’une trentaine d’enfants sont concernés.
La guerre aux chômeur·ses
Giorgia Meloni a choisi la date du 1er mai 2022, journée nationale du droit des travailleurs et des travailleuses, pour réformer le marché du travail.
La première mesure phare de la réforme est la suppression du « revenu de citoyenneté » (l’équivalent du RSA en France) d’un montant moyen de 550 euros. Selon l’Instituto nazionale di statistica (l’institut national de statistique), il a permis à plus d’un million de personnes de sortir de la pauvreté cette même année.
Celui-ci sera remplacé en 2024 par un « chèque inclusion » dont l’accès sera reversé aux familles ayant plusieurs enfants, aux personnes handicapées ou de plus de 60 ans, avec un montant plafonné de 500€ pour une durée de 18 mois maximum.

Le second point de la réforme concerne le patronat. Les entreprises qui recruteront dès 2024 des bénéficiaires du nouveau chèque inclusion seront exonérées de cotisations. Une joie pour le grand patronat qui pourra employer des salariés sous contrats précaires tout en faisant des économies sur ses cotisations.
Enfin, la troisième mesure prévoit un assouplissement des embauches en contrat à durée déterminée (CDD). Les employeurs pourront renouveler deux fois les CDD sans obligation de les pérenniser au bout de 36 mois, impliquant une multiplication de contrats précaires.
En une année et une réforme, Giorgia Meloni a tenu sa promesse de campagne : « montrer la différence entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne le sont pas ».
Refugees, not welcome !
Comme tous les partis ultra-conservateurs, Fratelli d’Italia défend le retour des frontières fortes et une régulation drastique des personnes immigrées, tout en dénonçant « l’islamisation » de la société.
Tout juste élue, elle s’oppose à l’arrivée sur un port italien de l’Ocean Viking, un navire transportant 230 réfugiés qui a finalement accosté en France. Le ministre de l’intérieur français Gérald Darmanin a demandé au pays de Rome d’accueillir une partie du bateau. Une proposition jugée agressive et injustifiée par Giorgia Meloni.
Son discours s’adapte désormais à cette inflexion : elle ne dit plus lutter contre l’immigration, mais contre les immigré·e·s clandestins et les passeurs. Afin de rassurer son électorat, elle accuse tout d’abord la politique trop laxiste de l’Union Européenne sur la question migratoire et freine le travail de certaines ONG qui partent en Mer Méditerranée pour sauver des réfugié·e·s.
Lors d’une interview pour le bilan annuel de son mandat sur la chaîne italienne TG1, elle avoue : « Il est clair que nous espérions mieux en matière d’immigration. Les résultats ne sont pas ceux que nous espérions. Mais je suis sûre que nous irons au fond des choses ».
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