Par Meriem Aghroud
«Je n’arrive même plus à me concentrer sur mes révisions, j’ai même peur de rater mon année»
En 2022, une enquête de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) a révélé que la plus grande partie des étudiants ont déboursé 563€ pour leur logement, la plupart d’entre eux vivant en Île-de-France, Paris étant une des villes où il est le plus compliqué de trouver un logement étudiant décent, avec quatre demandes pour un logement selon LocService.
Alors que les étudiants tentent de se bâtir un avenir dans un contexte déjà difficile, ce manque de logements abordables devient un obstacle majeur à leur réussite académique et peut porter atteinte à leur santé physique et mentale.
Au cœur du 20ème arrondissement de Paris, dans la rue des Haies, une distribution alimentaire organisée par l’association «Linkee» devient le théâtre de rencontres poignantes, révélant ainsi les répercussions dévastatrices de la crise du logement en Île-de-France. C’est ici, à cet endroit rempli d’étudiants en situation précaire, que Samuel, Alexandra et Samantha, tous trois venus faire le plein de produits alimentaires, se sont livrés sur leur quotidien. La scène était marquée par une queue de centaines d’étudiants, mettant en lumière l’ampleur du double défi auquel sont confrontés ces jeunes, non seulement pour subvenir à leurs besoins alimentaires, mais aussi pour trouver un refuge décent dans une région où la quête d’un logement étudiant devient de plus en plus délicate.
« Je partage un 12m2 à la limite de l’insalubrité à la résidence Crous des Haies avec un ami car nous n’avons pas d’autre choix avec l’inflation qui ne cesse d’augmenter. Cette situation est psychologiquement pesante, je n’arrive même plus à me concentrer sur mes révisions, je passe mon temps à chercher un autre studio étudiant abordable, j’ai même peur de rater mon année » confie Samuel, 22 ans, étudiant en Master 1 en Informatique à l’Université de Créteil. Samuel n’est pas le seul étudiant en situation précaire rencontré lors de cet évènement ; Alexandra, 19 ans, étudiante en première année de médecine à l’Université de Diderot et Samantha, 21 ans, étudiante en Droit à l’Université de Paris Nanterre ont également dévoilé leur combat.
« Après avoir cherché un logement en Île-de-France durant près de six mois, je me suis résignée à rester vivre chez mes parents qui vivent à 2h de mon lieu d’études car mes ressources financières ne me permettent pas de m’offrir un logement décent, ce qui fait que je me lève tous les jours à 5h du matin. Cette situation me stresse beaucoup, à un tel point que les conséquences se font ressentir physiquement et mentalement » confie-t-elle, désespérée.
Samantha déclare quant à elle que les études en Droit sont déjà bien assez stressantes, sans qu’il n’y ait besoin d’y ajouter la pénurie du logement étudiant dont elle n’est pas la seule à souffrir dans sa classe ; elle déclare qu’elle ne voit aucune solution efficace pour se sortir de cette impasse. Cette dernière témoigne souffrir d’un diabète de type 2, maladie exacerbée par le stress causé par le partage d’un petit appartement avec trois colocataires.
Lors d’un entretien avec le responsable de la résidence Fac Habitat Émergence, Hasni Alaoui Ismail a déclaré que l’urgence de la situation est palpable et que Fac Habitat est déterminé à mobiliser toutes les ressources nécessaires pour offrir des logements abordables et décents aux étudiants en quête de stabilité dans cette période cruciale de leur vie académique.
Face à la crise du logement en Île-de-France, accentuée par les effets du COVID-19, les récits de Samuel, Samantha et Alexandra exposent la gravité de la situation précaire des étudiants, non seulement confrontés à des problèmes financiers, mais également à des conséquences physiques et psychologiques, mettant en lumière l’urgence de la mise en place d’une solution garantissant un accès adéquat à des logements décents pour les étudiants de Paris et ses alentours.
Désormais, près de 800 000 étudiants en Île-de-France sont confrontés à un déséquilibre croissant entre l’offre limitée de logements accessibles et une demande toujours en hausse, entraînant une flambée des prix et une dégradation des conditions de vie.
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