Par Sabina Mainwaring

Booking, Abritel, Tripadvisor, HomeAway ou encore Flipkey, les plateformes de location voient leur activité exploser et s’envoler depuis quelques années. Dans le lot, s’il y en a bien une qui a su se démarquer, c’est bel et bien Airbnb.

Airbnb fait le plein avant les JO 2024

Grâce à une offre toujours plus riche et un sens du marketing affuté, l’entreprise créée en 2008 par Brian Chesky, Joe Gebbia et Nathan Blecharczy a su rapidement s’imposer dans son secteur d’activité. Il n’est donc pas étonnant de voir son nom ressortir à l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 à Paris. Avec plus de 15 millions de touristes attendu·es, les chaînes d’hôtels de région parisienne ne pourront pas permettre à tout le monde de se loger.

Face à ce flux énorme de visiteurs, de nombreux particuliers propriétaires (ou des locataires ayant obtenu l’accord de leur propriétaire) y voient une magnifique opportunité d’arrondir leurs fins de mois en mettant leur logement en location sur Airbnb. Selon une étude de l’Ifop, pas moins de 20% de Franciliens déclarent vouloir héberger des touristes sur Airbnb pendant la période des JO. Cela représente plus de 130 000 logements dans toute la région parisienne. Là où il y a de l’offre, il y a aussi de la demande. Selon des chiffres récents d’Airdna, les nuits réservées ne cessent d’augmenter : +528% à Paris et +829% en banlieue parisienne par rapport aux deux semaines précédentes (du 12 au 25 juillet).

En avril 2023, Airbnb a même donné de plus amples détails sur les avantages de mettre son logement en location sur la plateforme. Selon un rapport de Deloitte publié en avril 2023, “plus d’un demi-million de visiteurs devraient séjourner en région parisienne le temps des JO 2024 grâce à Airbnb, soit environ le double du nombre global de voyageurs accueillis en région parisienne pendant la même période en 2022”. L’enquête précise aussi que cette activité devrait rapporter plus d’un milliard de dollars pour l’économie française, considérant les autres dépenses liées au transport, à l’alimentation ou autre. Ce cercle vertueux s’étendrait même au-delà du bassin francilien et se répercuterait à l’échelle du pays entier. Toujours selon les récents chiffres d’Airdna, les autres villes hôtes en dehors de la région parisienne enregistrent une augmentation de +104% des réservations entre les deux périodes.

Si la France et Airbnb, sur le papier, semblent donc sortir gagnants , l’entreprise précise aussi que les hôtes trouveront leurs comptes. Les hôtes franciliens devraient gagner environ 2 000 euros de revenus supplémentaires en moyenne pendant les Jeux de Paris 2024, soit 257 millions au total sur l’ensemble de la période. Il faut dire que côté prix, la hausse est également impressionnante. Le tarif moyen des réservations effectuées pour la période olympique a grimpé de 62% à Paris et de 35% dans sa banlieue, en comparaison avec les prix moyens des deux semaines antérieures. Pour profiter de ce (gros) complément financier et avoir sa part du gâteau, il y aura certaines règles à respecter.

Statue d’un champion olympique devant les anneaux des JO | Pexel

Un effet JO néfaste sur le long terme ?

Au vu des chiffres avancés par les différents organismes, tout prête à sourire sur ces JO 2024. Dans cette équation, la France, Airbnb et les hôtes particuliers ont tout à gagner financièrement et rien à perdre. À qui profite le crime ? Visiblement à tout le monde. Mais il existe toujours un perdant. Et pour cela, il faut peut-être se tourner vers le futur, vers les Parisien·nes, ceux et celles qui y vivent tout au long de l’année. 

En effet, les JO 2024 pourraient avoir un impact négatif sur l’immobilier à Paris, avec un cas de figure où il devient plus rentable pour un propriétaire de continuer à louer son bien sur Airbnb de manière ponctuelle que de le céder à un locataire fixe. Cela viderait petit à petit Paris et sa banlieue de ses habitants et ferait de la capitale un nid à nomades. De plus, cette tendance entraînerait une augmentation du prix des loyers et des effets inflationnistes toujours plus croissants.

Pour éviter la formation d’une bulle spéculative sur le marché de l’immobilier et une montée fulgurante des prix sur Airbnb, la plateforme est contrainte d’agir. Dès janvier 2024, Airbnb, tout comme les autres plateformes de location, sera obligé d’alerter leurs clients en cas de prix supérieurs à la moyenne. Un accord devrait être trouvé entre ces entreprises et le cabinet du ministre délégué au Tourisme. Cette mesure vise à avertir et protéger les client·es, surtout les visiteur·euses étranger·es face à des abus ou des arnaques. Est-ce une solution suffisante pour permettre à chacun de profiter des JO 2024 dans de bonnes conditions ? Seul l’avenir nous le dira.

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