Par Léonore Choulet

© Léonore Choulet – photo d’un flyer griffonné

Lorsque Emmanuel Macron est entré à l’Elysée en 2017, nul ne présageait l’arrivée des multiples polémiques ayant jalonné son mandat. Pas plus n’imaginait qu’il serait une nouvelle fois élu et que la colère du peuple ne s’atténuerait point. Régulièrement, les Français sont descendus dans la rue, pancartes à la main, et ont manifesté leur colère contre le président de la République.

Cette nouvelle année 2025 marque l’avant-dernière de son second mandat. Elle est aussi l’occasion de revenir sur les trois plus grandes crises politiques de son mandat.

2018 : Le mouvement des « Gilets jaunes»

En novembre 2018, les appels à manifester contre l’augmentation du prix des carburants automobiles se multiplient sur les réseaux sociaux. La colère des Français monte, la majorité d’entre eux étant concernés par cette augmentation. En France, 71% de la population utilise une voiture, selon une étude menée par Statista.

À partir du 17 novembre, la protestation s’organise en blocage illégal des routes et ronds-points. Chaque samedi, des Français se mobilisent, reconnaissables par le “gilet jaune” qu’ils portent, et marchent contre la hausse des prix. Très vite, les doigts pointent vers le responsable de la crise économique et du ras-le-bol des manifestants : le président Emmanuel Macron.

Tandis que les manifestations pullulent, des scènes de violences éclatent. Les polémiques se multiplient et une ressort particulièrement : l’affaire Benalla où son garde-du-corps s’était jeté sur deux manifestants avant de les frapper avec un casque de scooter.

« Qu’ils viennent me chercher » avait affirmé Emmanuel Macron, pointé du doigt pour la violence avec laquelle ont été traités les manifestants par la police et monsieur Benalla.

« Manu, on arrive », a-t-on alors pu lire sur les pancartes des manifestants.

Égotisme, condescendance, dédain et suffisance… Voilà les mots qui résonnaient pour qualifier le président durant cette période. Ils ont à nouveau été entendus plus tard.

2023 : Réforme des retraites et tensions sociales

Le 10 janvier 2023, Elisabeth Borne (Première ministre du 16 mai 2022 au 8 janvier 2024) dévoile son plan de réforme des retraites. De nombreuses modifications sont apportées au système déjà en place. Surtout, l’âge minimum de départ à la retraite est reporté de deux ans, passant de 62 ans à 64 ans. Le président Emmanuel Macron souhaitait, à l’origine, le reporter à 65 ans.

Une dizaine de jours plus tard, la colère des Français éclate. Les 19 et 31 janvier, plus d’un million de personnes sont descendues dans les rues. A nouveau, des slogans visant directement le président de la République sont lisibles sur les pancartes.

« #64 ans : Macron, quand c’est non, c’est non », peut-on lire sur une banderole tenue par une dizaine de personnes.

« Grève, blocage. Macron, dégage », citait une autre.

Un mois plus tard, le 28 février 2023, la réforme des retraites a pourtant été présentée au Sénat. L’intersyndicale, sous l’impulsion de la CFDT, a alors appelé à une grève reconductible qui a mobilisé 3,5 millions de Français selon la CGT et 1,28 selon le ministère de l’Intérieur.

Cependant, une quinzaine de jours plus tard, le gouvernement utilise le 49-3 afin de faire adopter cette réforme à l’Assemblée Nationale. Cela permet au Premier ministre d’imposer l’adoption d’un texte de loi sans vote de l’Assemblée nationale. 

Les réactions sont vives et immédiates.  Le 20 mars, quatre jours plus tard, deux motions de censure sont déposées par le groupe LIOT et le Rassemblement National. 278 députés ont voté pour, cependant, la majorité requise était de 287. Le gouvernement en a réchappé, mais a failli être renversé, à neuf voix près.

Non seulement critiqué pour l’utilisation du 49.3 faite par son gouvernement et considérée comme un « passage en force », Emmanuel Macron a aussi suscité les foudres des Français au travers de ses paroles. En effet, à l’occasion d’une interview accordée à France 2 le 22 mars 2023, il compare les manifestants aux militants d’extrême-droite ayant tenté de faire un Coup d’État aux États-Unis en pénétrant de force le capitole.

2024 : Dissolution de l’Assemblée nationale et instabilité politique

Le 09 juin 2024, la liste du Rassemblement National (RN) arrive largement en tête aux élections européennes avec 31,37 % des suffrages. La liste de la majorité présidentielle (14,60 %) et celle de l’alliance Parti socialiste et Place publique (13,83 %) sont loin derrière.

La réaction de la majorité présidentielle est immédiate. Emmanuel Macron annonce publiquement la dissolution de l’Assemblée Nationale. Le gouvernement est rompu et de nouvelles élections législatives sont programmées afin de désigner une nouvelle assemblée.

Du 29 juin au 7 juillet 2024 se sont déroulés les votes qui ont abouti à une Assemblée Nationale diversifiée rendant les votes complexes. L’alliance du Nouveau Front Populaire a obtenu 187 sièges, la majorité présidentielle en a acquis 163, les Républicains, 68 et l’extrême-droite, 152. Une telle mixité de bords politiques a compliqué les débats.

Emmanuel Macron a nommé Michel Barnier au poste de premier ministre le 5 septembre 2024, après un mois sans nouveau gouvernement. Moins d’un mois après, le Nouveau Front Populaire dépose le 8 octobre une motion de censure. Cette dernière est rejetée, la Rassemblement Nationale (RN) ne l’ayant pas votée.

Cependant, le lundi 2 décembre, Michel Barnier utilise le 49.3 afin de faire adopter le budget sur la sécurité sociale. Deux jours après, le Rassemblement National dépose à son tour une motion de censure qui est votée par 331 voix. Moins de trois mois après sa nomination, le gouvernement de Michel Barnier tombe. Il est, à ce jour, le gouvernement le plus éphémère de la Ve République.

Le 23 décembre 2024, François Bayrou est nommé Premier ministre par Emmanuel Macron et constitue un nouveau gouvernement. Cependant, durant la même période, de violents cyclones frappent Mayotte et détruisent des milliers d’habitations. L’un comme l’autre sont très largement critiqués pour leur gestion de la crise et certains évoquent la possibilité de déposer une nouvelle motion de censure.

Cette crise reste le symbole d’une grande instabilité politique. La confiance des Français envers le président de le République, déjà aggravée par les polémiques passées, s’est encore davantage détériorée. Certains perçoivent dans la dissolution de l’Assemblée nationale un geste immature qui a bouleversé le pays.

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